Aline, une jeune femme apparemment comme les autres, ressent pourtant l'étrange sensation d'être liée aux châteaux du pays cathare, un peu comme si elle y avait vécu en d'autres temps. De plus, elle s'aperçoit qu'elle est suivie puis elle échappe de peu à un accident mortel. Un ballet d'étranges personnages se forme autour d'elle...
Le thriller historico-fantastico-ésotérique est en genre toujours en vogue, que ce soit en littérature ou au cinéma. On hésite chaque fois : doit-on s'abandonner à une histoire au mystère toujours plaisant ou s'agacer face à des ficelles trop souvent réutilisées ? Cette nouvelle évocation du catharisme ne cherche guère à éviter certains clichés. Les personnages sont stéréotypés : l'héroïne candide subitement plongée au cœur d'événements qui le dépassent ; le libraire qui maîtrise les secrets enfouis au fond de poussiéreux ouvrages ; le beau ténébreux de service toujours là au bon moment ; le méchant aux allures de petit fonctionnaire ; et Satan qui doit traîner dans les parages... Le fameux « trésor » des cathares est également de la partie, de même que le folklorique recours à l'hypnose. Quéribus ne s'avère pas très convaincant, pas plus que, par exemple, les tomes de La Balade au bout du monde qui abordent le catharisme. Assez poussif, le scénario ne recèle guère de surprise. Les premières planches, quasiment sans texte, ne font que peu progresser une intrigue assez convenue et nous en sommes presque au même point en refermant l'album. Certes, nous avons fait connaissance avec les personnages, mais nous demeurons sur notre faim. Curieusement, seule l'énigme de la marelle citée sur les pages de garde a éveillé notre curiosité, mais elle n'est même pas évoquée dans le récit. L'album aurait sans doute dû resituer – en évitant toutefois un cours didactique – , le véritable sens de l'hérésie cathare, probablement mal connu de nombreux lecteurs. Il ne suffit pas de rappeler quelques faits historiques célèbres, comme le bûcher de Montségur ou la chute de Quéribus, pour expliquer le catharisme, d'autant plus que ces forteresses militaires n'avaient que peu à voir avec l'idéal de dépouillement et de « perfection » des cathares.
Le graphisme d'Ersel est remarquable, à condition d'apprécier ce genre de dessin réaliste qui soigne le moindre détail. Les scènes à Carcassonne ou à Paris en bord de Seine tiennent du reportage tellement l'ambiance des lieux est bien rendue. En revanche, si Ersel excelle dans les décors, les personnages gardent toujours un peu la même expression.
Bref, le rythme est mou et l'ambiance tristounette. L'intrigue va sans doute se développer ultérieurement, mais ce premier album ne nous permet pas d'entrer pleinement dans le récit ou d'en espérer la suite. Dommage.
Pascal Patoz nooSFere 20/10/2001
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