Tandis que la fureur d'Attila déferle sur l'Empire Romain Galactique, la romaine Flavia Aetia – incarnation supposée de la déesse barbare Kerka – demeure prostrée. « Elle doit faire son deuil pour pouvoir accepter son destin divin et revenir parmi les Huns » annonce le fidèle Ebarse au roi des Huns, cherchant à convaincre celui-ci de ramener la jeune femme sur sa planète d'origine, Sirmium, au risque d'affronter de nouveau les légions de l'Orbis...
Après avoir accepté la logique interne de l'adaptation futuriste d'un conflit antique (voir chronique du tome 1), on ne peut qu'être enthousiasmé par la lecture de ce deuxième tome. Alors que tant d'auteurs se contentent de revisiter les tragédies shakespeariennes classiques, Valérie Mangin a réussi l'exploit de créer une tragédie qui a l'ampleur et le souffle de celles de l'auteur élisabéthain mais sans rien leur devoir. S'appuyant comme Shakespeare sur des faits historiques, elle met en scène des personnages complexes et tourmentés plongés dans un drame dont la portée est universelle et intemporelle, sous-tendu par une tension constante et par une action d'une remarquable intensité. S'y ajoute une dimension mystique quand Flavia échappe au feu nucléaire, réalisant son premier vrai miracle... Dans quelle proportion est-elle de nature divine ? Est-elle seulement encore en partie humaine ? Pourquoi Kerka assouvirait-elle la soif de vengeance de Flavia ?
De somptueux décors servent de scène à cette pièce exaltée, servis par la finesse du trait du yougoslave Aleksa Gajic et par ses magnifiques couleurs directes. On pourrait juste reprocher une relative rigidité des expressions des personnages, mais elle ne fait qu'accentuer leurs caractères solennels, comme s'il s'agissait de masques de théâtre.
Space opera enflammé, Le Fléau des dieux mêle batailles interstellaires et destinées individuelles hors du commun dans une magnifique épopée pleine de bruit et de fureur : la série, prévue en cinq albums, s'avère déjà passionnante.
Pascal Patoz nooSFere 01/12/2001
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