Avec ce deuxième cycle, les aventures de Lanfeust basculent de la fantasy à la science-fiction. Certains esprits chagrins prompts à critiquer les œuvres à succès verront sans doute là une tentative d'exploiter le filon jusqu'au bout, mais les amateurs du personnage apprécieront cette manière de relancer la série en élargissant son cadre et son propos. Lanfeust sera désormais un parfait exemple des difficultés à établir des frontières précises entre la SF et la fantasy. Il suffit de rationaliser un tant soit peu la magie – en parlant par exemple de « pouvoirs psi » capables d'utiliser « l'énergie ambiante pour créer un flux qui va modeler la réalité à votre convenance » – pour obtenir un irréprochable space opera. Certes, ce n'est pas encore de la hard science, mais il ne fait pas de doute que l'on a basculé dans un autre univers. Et comme nous sommes désormais en possession de ces nouvelles données, il nous sera impossible de relire le premier cycle en le considérant comme de la pure fantasy...
Ces querelles d'étiquette n'ont cependant aucune importance – parlons de science-fantasy tant qu'on y est. Ce qui importe, c'est que le scénario de ce nouvel opus est dense, dynamique, enjoué, bref enthousiasmant. En partant vers les étoiles, Lanfeust retrouve vraiment un nouveau souffle, une vitalité qui peut emporter même le lecteur le plus blasé. Des personnages sympathiques, des créatures originales (telles ces pieuvres de l'espace utilisées comme anti-missiles), de l'inventivité, beaucoup d'action, un humour plus léger que dans d'autres séries d'Arleston, des jeux de mots approximatifs (la « crypte tonique » qui supprime les supers-pouvoirs !)... le cocktail qui a permis au premier cycle de se hisser parmi les réussites du genre est toujours aussi efficace ! De plus, le graphisme de Tarquin demeure impeccable, avec des décors exotiques et un bestiaire original qui permettent au sense of wonder de jouer à fond.
Bref, la métamorphose de Lanfeust en héros interstellaire est réjouissante et n'est à bouder sous aucun prétexte !
Pascal Patoz nooSFere 15/01/2002
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