« J'veux pas d'un rêve nul qui me protégerait pas des choses les plus moches du monde réel... » (p.18)
Dans ses rêves, le petit Félix imagine le pays de Nimportekoi, où il se promène en compagnie de Lapin, sa peluche préférée. Dans cette contrée, Félix est le chef : il y invente tout au fur et à mesure de ses envies, il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Jusqu'au moment où surgit un énorme nuage noir, fait de sigles mathématiques, qui modifie tout sur son passage : les plus joyeuses ou les plus poétiques trouvailles du rêve de Félix redeviennent conformes à la morne réalité, et les habitants de ce monde idéal sombrent dans la dépression... D'où vient ce nuage parasite ? Du pays Cauchemar ? Ou d'ailleurs ?...
Il est difficile de ne pas évoquer Little Nemo – entre autres Alice au pays des merveilles et Olivier Désormeaux – à la lecture des aventures de Félix dans son charmant monde onirique, forgé avec inventivité visuelle, fantaisie poétique et logique décalée. L'univers graphique mis en œuvre par Lebeault est semblable à celui qu'il a développé dans Horologiom, extraordinaire série que l'on n'hésitera pas à qualifier de chef d'œuvre. Un monde aux formes géométriques surprenantes, peuplés de machines anthropomorphiques, de fonctionnaires robots, d'androïdes omniprésents d'aspect squelettique – des éléments qui n'ont ici rien d'inquiétant, au contraire.
Le nuage qui changeait tout est une jolie fable, à la gloire de l'imagination et du rêve, du jeu et de la poésie. Cette séduisante lecture est chaudement recommandée à tous les enfants, petits et grands !
Pascal Patoz nooSFere 02/04/2002
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