Le Vent dans les saules est l'adaptation d'un roman de l'écrivain britannique Kenneth Grahame, classique absolu de la littérature enfantine du XXème siècle outre-Manche. La bande dessinée est signée Michel Plessix, un auteur qui a su se faire apprécier du grand public grâce notamment aux quatre tomes de la série Julien Boisvert, laquelle a remporté un nombre impressionnant de prix, récompenses, satisfecit de toutes sortes, de l'écureuil en chocolat Caisse d'Epargne Beuvron-les-Trois-Moulins au prestigieux trophée du meilleur album jeunesse pour les jeunes du festival de Bourguébus-en-Auge. Une avalanche de prix qui n'a semble-t-il pas perturbé Michel Plessix, on en veut pour preuve cette nouvelle série, un véritable petit chef-d'oeuvre. Honte sur nous qui avons attendu ce troisième album pour vous en toucher un mot ! On arguera que Le Vent dans les saules n'entre pas exactement dans la ligne éditoriale SF de notre magazine à nous puisqu'il s'agit, en théorie, de littérature pour enfants. Mais après tout nous ne somme pas que des brutes insensibles, criblées de cyberwars et les yeux tournés indéfiniment vers Proxima du Centaure ! On a tous été des enfants, on l'est encore parfois, et mieux : ça nous arrive d'en faire... de petits hommes dont la capacité à s'émerveiller est sans limite, et qui n'ont pas toujours besoin de proto-boosters à propulsion hypra-luminique triphasés pour s'envoler dans la sphère des rêves éveillés. Leur SF à eux commence parfois au bord de la rivière, dans l'obscurité mystérieuse d'un terrier ou le vol en piqué d'une libellule. Nous voici donc déjà, avec cette Echappée belle, au troisième tome des aventures de Blaireau, Taupe, Rat et Crapaud. Un nouvel épisode qui nous invite à découvrir les mystères et la beauté de la rivière au clair de lune, à nous lancer avec Crapaud dans d'échevelées courses-poursuites en locomotive. Autant de courts récits menés avec brio, bourrés d'humour et de malice. C'est fin, subtil, parsemé de détails d'une grande justesse. Ces drôles d'animaux sont bougrement attachants et affichent une gamme d'expressions on ne peut plus humaines. La mise en couleur à l'aquarelle pleine de nuances restitue une ambiance qui fait toujours la part belle à une nature triomphante. (La première histoire, notamment, est un vrai petit bijoux...). Il va falloir s'arrêter là, les éloges les plus excessifs étant souvent les moins convaincants. Le Vent des saules : à faire lire d'urgence à l'enfant qui est en vous...
Eteyas Bifrost n°15 01/09/1999
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