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Album
Den seconde époque
Série : Den    Album précédent tome 2a  Album suivant

Scénario : Richard CORBEN
Dessins : Richard CORBEN

Humanoïdes Associés (Les) , 1983
 

 
Critiques
     (note : critique simultanée de Monde mutant n°1 et Den n°2)

     Présenté par le scénariste et le graphiste, Monde mutant, une aventure de 70 planches prépubliée dans Ere Comprimée, renoue avec l'inspiration première de Corben : le post-atomique. Le héros en est un de ces colosses glabres chers à l'auteur : Dimento. Mais ce qui fait sa particularité est d'être un innocent, un naïf, perdu dans un monde cruel, plein de personnages cruels : d'autres mutants, tueurs et tragiques, ou simplement voleurs et grotesques, le père Dove, hercule karatéka, qui est le fruit d'une expérience génétique, les soldats d'une base enterrée, et bien sûr une fille, LA fille, blonde et pulpeuse, victime et machiavélique, et promise au clonage...
     Den, dessiné de 1980 à 1982, fait suite à la première époque de la bande, qui datait de 1977. La trame d'heroic fantasy est ici plus variée et plus subtile que dans la série précédente et, dans les aventures de ce Terrien transformé et transplanté dans un autre univers, on retrouve nettement l'empreinte des mondes de Farmer (qui, ne s'y trompant pas, avait préfacé l'album antérieur). Le point original de Den-2 tient au grouillement des Dramites, gnomes proliférants qui couvrent le monde, obligeant les héros à une fuite perpétuelle ; et son point fort se situe vers la fin (pp. 91 à 96 d'un album qui en compte une bonne centaine), avec la métamorphose terrifiante d'un homme « colonisé » par les Dramites — une séquence qui doit autant à Au-delà du réel qu'à Alien.
     Dans ces deux albums, qui présentent le plus récent de sa production, Corben assouplit et affirme son monde, peaufine sa thématique (même par scénariste interposé) : la cruauté ne règne plus en maîtresse, les coups d'épée et autres exploits guerriers ne sont plus le moteur essentiel de l'action. Dimento, aussi bien que Den, sont agis plus qu'ils n'agissent (la fuite est leur parallèle) et, si l'incompréhension est le lot de Dimento, le doute est celui de Den. Dans les deux cas, c'est bel et bien le Pouvoir qui est mis en cause, avec ses manipulations.
     Mais que dire du graphisme ? Corben est un des rares créateurs qui, dès ses débuts, était en possession de presque tous ses moyens plastiques — de son univers. Mais c'est un des rares aussi qui n'a cessé de se perfectionner, de s'approfondir, d'aiguiser sa technique, tout en restant fidèle à lui-même et à sa direction primordiale (il partage cette qualité avec Bilal). Résultat : Corben sait toujours nous surprendre, avec des compositions colorées d'une puissance étonnante. Le cheminement dans les ruines orange de Dimento et du père Dove (pp. 20 et 21 de Monde mutant) et, dans Den, le héros qui semble se fondre dans un paysage abstrait (p. 41), les fantasmes érotiques de Tarn (pp 46 à 51), la rencontre avec Kath dans les bois (62/63), sans oublier les vastes paysages du début et de la fin, sont de véritables fêtes pour l'œil, issues d'une technique incomparable, qui réussit à être à la fois agressive et invisible. Deux albums, un total de 170 planches, qui sont un sommet du plaisir.

Jean-Pierre Andrevon          
Fiction n°346          
01/12/1983          


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