Grâce aux sauts collapsars, les voyages interstellaires sont devenus réalités. Et grâce à la contraction temporelle au cours de ces sauts, la capitaine Marygay Potter, née en 1990, mène la guerre contre les Taurans depuis plusieurs siècles. Désormais, à l'époque où elle se trouve, la procréation naturelle est habituellement proscrite, de même que les relations hétérosexuelles, ce qui fait d'elle une sorte de monstre, car « mise au monde comme une bête ». De plus, le fossé qui sépare la physique de ce lointain futur de celle de notre époque « est plus large que celui qui existe entre Galilée et Einstein » : champs de stase et soldierboys sont quelques-unes des armes dont l'humanité dispose pour mener la guerre. Le vaisseau spatial de Marygay, commandé par le major Angela Garcia, parvient en zone ennemi, près d'Aleph-10, une planète protégée par une matrice de bombes. Mais la matrice n'est plus opérationnelle, la base des Taurans semble déserte, quelques vaisseaux taurans et terriens sont situés à proximité, sans signe de vie à leurs bords... Marygay est envoyée en reconnaissance, en compagnie de Cat, avec qui elle entretient une relation homosexuelle...
Cette suite à La Guerre éternelle commence en réalité par l'adaptation d'une nouvelle parue dans l'anthologie Horizons lointains, dirigée par Robert Silverberg. Il s'agit donc d'une histoire que l'on peut lire de façon indépendante, comme un one shot, même si elle fait référence à la première trilogie et si elle introduit une deuxième trilogie. Le récit contient beaucoup d'idées fortes et intéressantes. On est notamment fasciné par ce jeu sur le temps qui modifie toutes les stratégies de guerre : le vaisseau qui surgit d'un collapsar peut se trouver avoir des armes désuètes car l'ennemi a continué à évoluer sur un rythme plus rapide que celui du vaisseau ; il peut même combattre sans savoir que la guerre est déjà finie et que l'humanité a évolué vers une autre forme de conscience... Ce temps qui s'écoule inégalement a une autre conséquence : celle de séparer les couples. Pour que Marygay retrouve enfin William Mandela, elle devra ruser...
Le dessin de Marvano a évolué depuis La Guerre éternelle. Il est plus régulier, plus policé, mais finalement peut-être un peu plus froid, moins personnel. Ses personnages sont un peu statiques, et ses taurans demeurent des insectoïdes peu crédibles, ce qui est nuisible à l'adhésion au récit.
Une autre guerre, c'est en quelque sorte La Guerre éternelle vue par Marygay. L'album n'apporte peut-être rien de fondamental par rapport à la trilogie d'origine, mais une intrigue signée Haldeman ne peut laisser indifférent un amateur de SF, même si aucun de ses derniers romans — La Liberté éternelle, La Paix éternelle... — ne s'est révélé indispensable en fin de compte. On attend de lire le prochain tome pour voir vers quoi Haldeman va réorienter sa réflexion.
Pascal Patoz nooSFere 15/04/2002
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