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La "male noire", la "bosse" ou plus précisément encore, la peste.
« En fait, depuis la bosse de l'an quinze-cent-dix, personne ne se souvenait avoir vu pareille calamité. La moitié du royaume de Galthédoc a déjà été transformée en cadavres abandonnés qui s'amassent par les rues ou qu'on enterre à la sauvette. »
Ce sont là les propres termes employés par Jean de Montjoie, médecin de la reine, pour qualifier le désastre de la peste qui s'est abattue sur le petit royaume du bout du monde. Ce fléau, dont Argon le bâtard a voulu et a prévu mystérieusement l'ampleur, paraît irrémédiable, et Glathédoc semble voué à la disparition. Mais Argon ne pouvait deviner que Rabal le petit homme, confident et ami de la bonne reine Hélinor, était aussi sorcier et médecin… | |
Pour le lecteur,La Balade au bout du monde est indissociablement liée au royaume de Galthédoc, et les aventures vécues ensuite par Arthis n'ont jamais exprimé l'ambiance magique des quatre premiers albums.
C'est sans doute pourquoi ce onzième album, qui se déroule presque entièrement à Galthédoc, semble aussi agréable.
On y retrouve avec plaisir la pierre de folie, un Argon devenu plus affreux que jamais, un prince Joachim assez faible dont l'indécision peut rappeler celle d'Hamlet, ainsi que les nombreux autres personnages qui peuplent cette contrée hors du temps, en proie aux ravages d'une terrible maladie.
On y retrouve aussi l'étrange figure du nain Rabal, qui fait preuve d'un étonnant savoir médical, mais qui est contraint de se cacher... car dans son pays, la science est assimilée à la sorcellerie. Malgré sa petite taille, sa présence domine l'ensemble du récit...
Avec ce retour au royaume oublié, le scénario fonctionne à nouveau librement, un temps délivré des complications peu convaincantes qu'apportent Cathares et Chevaliers du Saint-Graal. On en regrette le retour final au monde contemporain, et l'on n'attend qu'une chose : qu'Arthis reparte enfin à Galthédoc !
Le graphisme de Michel Faure n'a pas la grâce délicate de celui de Laurent Vicomte, mais il excelle dans les portraits, en particulier dans la peinture d'une galerie de visages monstrueux, déformés par la haine, la vieillesse, la maladie ou la difformité.
C'est donc probablement l'un des meilleurs albums de la série depuis la fin du premier cycle, et l'on attend impatiemment le suivant, qui devrait voir à nouveau la confrontation des deux univers et qui devrait conclure le troisième cycle.
Pascal Patoz
nooSFere
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