Ecrivain raté et refoulé, F.G. Wilson est entré par dépit chez Technolab, un laboratoire de bio-technologies. En proposant à l'humanité le confort et la santé grâce à des prothèses et des implants, F.G. Wilson est devenu peu à peu le maître du monde incontesté et incontestable, toujours « jeune » malgré ses 115 ans. Ses implants — dont l'une des particularités est d'empêcher ses porteurs de nuire à leur créateur — sont désormais installés chez chaque enfant dès la naissance. Nolan Ska, ingénieur clandestin, refuse cette fatalité. Ses recherches lui ont permis de découvrir un moyen de remonter dans le temps et d'essayer ainsi d'influer sur la voie de Wilson. La solution ? Faire en sorte que Wilson devienne réellement un écrivain reconnu ...

     Les bases du scénario créé par Vehlmann tiennent en trois planches d'introduction. Le reste s'enchaîne très simplement, très sobrement sans que l'auteur ne se préoccupe des considérations spatio-temporelles inhérentes au retour dans le passé. Le fil conducteur est là : transformer cet incompétent littéraire de Wilson en un talentueux écrivain.

     Incapable de produire quoi que ce soit, Wilson s'enferme dans sa vanité et son insolence laissant à son nègre, Nolan Ska, le soin d'écrire les histoires publiées. Tout au long de l'album nous allons vivre les déboires de Nolan Ska, entrecoupées de ses écrits. Des textes d'autant plus faciles à rédiger pour lui qu'ils ne sont rien d'autre que les réalités futures qu'il a vécues à son époque.

     Servi par un dessin sobre et une mise en page somme toute très classique de Gazzoti et Meyer, Des lendemains sans nuage donne dans le réalisme. La psychologie, très fouillée, des personnages est parfaitement rendue par l'évolution du trait et des couleurs tout au long du récit en parallèle à celle de la situation des deux protagonistes : le désespoir de Nolan opposé à l'insouciance et la hargne vindicative de Wilson.

     Chaque histoire « inventée » par Nolan est autonome et possède sa propre ambiance. Elles s'intercalent dans le récit principal avec lequel elles n'ont pas d'interaction directe. Généralement basées sur un travers de notre société, elles ne nous sortent cependant de l'intrigue de fond que pour mieux nous y ramener... comme autant de marches gravies dans le parcours de Wilson/Ska pour atteindre l'objectif.

     Au final, cet album compose un ensemble fort agréable qui malgré ses 62 pages nous paraît très court, une sensation peut-être due aux ruptures de la trame principale et une fin un peu abrupte. Des lendemains sans nuage pourra sans doute dérouter certains lecteurs, mais cet album sera un véritable plaisir pour les amateurs de récits atypiques : un excellent « one shot » à lire et à relire.