« Merlin, la cérémonie qui va suivre te conduira à la renonciation de ta partie humaine.

     Telle est l'épreuve de Cromm-Cruach !

     Il est le Dieu de l'abnégation et du mal, il est la haine de l'homme pour l'homme... Sors vainqueur et tu vivras. Echoue et tu mourras !...« 

     Les éditions Soleil reprennent la suite de la série Merlin dont les deux précédents volumes sont parus chez Nucléa. Un résumé des épisodes précédents permet si besoin de prendre l'histoire en cours de route.

     Merlin est une nouvelle version de la légende du fameux magicien, beaucoup plus sérieuse que la série homonyme paraissant chez Dargaud et dessinée par Munuera. Merlin est ici un personnage très sombre, le « messie » des anciennes traditions, des anciens dieux, dont le rôle est « d'annihiler les soldats du Christ »... Cette vision inhabituellement noire de l'homme qui devra même renoncer à sa partie humaine pour devenir le « Dieu sanglant » est sans doute le principal attrait de cette revisite du mythe.

     Bien que l'on croise des fées et des dragons, bien qu'il y ait des tueries et des mystères, bien que le récit soit mouvementé et tragique, l'impression globale que l'on ressent à la lecture demeure pourtant mitigée. Tous les ingrédients sont là, le scénario n'est pas inintéressant, le dessin est classique mais irréprochable... Bref, tout semble réuni pour que l'album nous emporte dans une épopée tumultueuse, qui malheureusement ne décolle jamais vraiment. Il y manque sans doute une flamme, une passion, ce petit quelque chose qui insuffle un réel souffle au récit... Au lieu du lyrisme attendu, on trouve un récit assez sage, avec de nombreuses redondance qui freinent inutilement la progression de l'intrigue.

     Au total, l'album est de bonne facture, mais laisse un peu indifférent, ce qui est évidemment dommage vu le thème et la stature du personnage auquel la série est consacrée.