La « Souche » désigne le couple légendaire qui a permis la fondation du Royaume de Nym-Bruyn. Elle est à l'origine d'une « Branche maîtresse » d'où sont issus les souverains, mais aussi de deux branches écartées du pouvoir, la « Branche morte » victime d'un ancien et terrible sortilège et la « Branche invisible ». A la naissance de Weëna, l'enfant-gris — ainsi nommé en raison de certains caractères physiques qui attestent de son appartenance à la lignée de Noor le nécromancien — , une sorte de divinité protectrice appelée Mohnhow'e-la-furie prédit de grands malheurs. Galdec, le père de Weëna maudit et chasse alors cette créature de mauvais augure... Ailleurs, Morckoor refuse de se soumettre à la tradition qui lui impose d'épouser sa sœur. Appartenant à la Branche morte, il est au contraire décidé à s'unir avec une femme de la Branche invisible, afin de pouvoir défier l'actuel souverain...
Prophétie, malédiction, luttes pour le pouvoir... voilà un bon nombre d'ingrédients classiques de la fantasy. Mais le scénario de Corbeyran est très bien construit et possède un souffle indéniable qui emporte sans difficulté l'adhésion du lecteur. D'autant plus que l'histoire est dense : en quelques pages, de nombreuses années s'écoulent et transforment Weëna en une charmante jeune fille — une jeune elfe plutôt, si l'on en croit ses oreilles pointues . Le graphisme d'Alice Picard — dont c'est le premier album — s'impose d'emblée comme d'une grande finesse, avec surtout une remarquable mise en couleur qui confère à l'album une douceur tout à fait particulière, même lors des scènes les plus violentes.
Bref, Weëna n'a rien de révolutionnaire, mais c'est indéniablement un bel ouvrage que l'on prend grand plaisir à lire et à feuilleter.
Pascal Patoz nooSFere 01/03/2003
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