« Kabul est la planète du rêve ! Et les rêves ne sont pas inaccessibles ! » (p.36)
Les Absalones ont conquis la planète des Siluriens pour y chercher le passage vers la « planète Divine » dont la nature exacte demeure encore mystérieuse. Sous la conduite de Moktès, quelques rebelles ont décidé de combattre l'envahisseur. La venue de Neyah, capable de modifier la réalité qui n'est à ses yeux qu'un décor, va précipiter l'affrontement. Mais les Absalones ne sont-ils pas eux-mêmes le jouet d'une illusion ?
S'il peut paraître banal ainsi résumé, le scénario de Pompetti est en fait original et intéressant. Il offre une réflexion sur les différents plans possibles de la réalité et surtout sur les conséquences de l'acte de création. C'est donc avant tout un conte philosophique dont la morale est qu'il est possible de changer le monde par un effort d'imagination.
Intéressant, mais pas parfaitement abouti. Un tel sujet aurait sans doute mérité une narration imaginative, alors qu'elle est plutôt plate, un peu trop linéaire, tout en laissant des zones assez confuses. De plus, j'avoue n'être que moyennement séduit par un graphisme pourtant très personnel. Si certaines cases d'inspiration orientale sont très agréables à l'œil, le contraste entre le trait bien visible qui cerne les personnages, souvent haché et hésitant, et la pâleur des couleurs est moins heureux. La lividité d'ensemble, liée aux couleurs directes à l'aquarelle, est un peu terne, l'utilisation de teintes irréelles ne suffisant pas toujours à effacer cette impression. On peut aussi regretter que le traitement graphique soit relativement uniforme, quelle que soit la planète ou le plan de réalité en jeu — à l'exception du jaune pâle qui souligne les êtres « divins ». Néanmoins, ces défauts pourront sans doute paraître des qualités aux yeux d'autres lecteurs, et il importe donc, encore une fois, de souligner surtout l'originalité de ce travail.
Malgré tout, ce diptyque ne manque ni d'atouts ni de charme : il s'en dégage une poésie certaine, même si le travail de Pompetti manque un peu de maturité. Un talent prometteur.
Pascal Patoz nooSFere 15/03/2003
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