Epoxy, une superbe jeune femme, profite du soleil sur son petit voilier au large des côtes grecques quand celui-ci est harponné par un yacht. Après un repêchage musclé, une servante noire plutôt dénudée l'amène à la rencontre de Koltar, le milliardaire maître des lieux. Celui-ci — décrit comme extrêmement repoussant — semble être une sorte de divinité adorant user des femmes et prétendant leur « ouvrir les portes d'un jardin insoupçonné » au cours d'une séance initiatique. Mais soudain, la main de Dieu vient frapper le bateau qui coule, et notre héroïne se réveille sur une plage peuplée des figures de la mythologie — amazones, divinités, centaures... — qui toutes, à tour de rôle, souhaitent l'initier aux plaisirs de la chair.
Créé en 1966, cet album doit être lu en se référant au contexte de l'époque. Pour le lecteur actuel, l'érotisme d'Epoxy paraît plutôt gentil : il s'agit plus d'une ode à la nudité féminine que d'un véritable conte érotique. Certes tout cela a maintenant près de 40 ans et force est de constater que les canons de la beauté ont quelque peu changé. Très joliment remis en couleurs par Bertrand Denoulet (Niklos Koda et Pin-Up), Epoxy marque les débuts de Van Hamme en tant que scénariste de BD — la tonalité érotique de cette aventure étant un souhait de Cuvelier. Son récit ressemble plus à une suite de situations sans réel fil conducteur, démarrée et conclue de façon assez étrange, plutôt mystique et peu compréhensible. Depuis, il a fait beaucoup mieux, en particulier avec Thorgal, dans un tout autre genre il est vrai. Le dessin de Cuvelier, sobre mais parfaitement maîtrisé, trahit sa formation de peintre classique. Ses beaux décors et ses personnages d'un grand réalisme — par la justesse anatomique de leurs proportions et de leurs attitudes - donnent l'impression de contempler une série de tableaux.
On l'aura compris, Epoxy ravira plus les amateurs de la Barbarella de Forest que de la Drûuna de Serpieri. Cette pièce d'époque, superbement servie par l'excellente présentation habituelle de la collection « Signé », est un morceau d'histoire de la bande dessinée érotique à conserver pieusement dans sa bibliothèque.
Fabrice Fauconnier nooSFere 01/04/2003
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