Nous sommes en l'an VII de la Guerre des Flamboyants qui oppose l'Okrane et la Zéïde. Slhoka et Ar'n sont deux pilotes d'avion dont l'appareil s'est écrasé sur une île inconnue et paradisiaque. Ils sont chaleureusement accueilli par les indigènes de cette île, les « dorés », qui vivent en harmonie avec la Nature et avec les dieux du Jaïpurna. Malgré leur incrédulité, les deux hommes rencontrent ces dieux étranges et Slhoka, devenue le « djaya » de la belle Leidjill, est placé sous la protection de Shanî, une sorte de panthère ailée de nature divine. Mais l'armée de l'Okrane envahit l'île pour y implanter un laboratoire secret où doit être mis au point une arme absolue qui devrait permettre d'anéantir définitivement la Zéïde. Les soldats massacrent les dorés et rapatrient Slhoka, qui est aussitôt mis en observation car il a acquis le pouvoir de tuer par des rayons jaillissant de ses mains. Les analyses révèlent la présence de mystérieux cristaux dans son organisme, similaires à ceux que l'on découvre aussi chez Leidjill. Cette « mutation » devient un nouvel enjeu du conflit : la Zéïde, qui cherchait déjà à découvrir le lieu de fabrication de l'arme absolue, est désormais prête à tout pour mettre la main sur Slhoka Celui-ci parvient à s'échapper et à se rendre chez la mère d'Ar'n, où l'attendent de nouvelles révélations... Pendant ce temps, Leidjill subit une intervention qui fait d'elle une machine à tuer sans mémoire... Tandis que sur l'île, les dorés organisent la résistance et la guérilla...
Voilà un résumé qui paraît fort long, mais qui pourtant omet encore bien des détails, dont un certain nombre de personnages importants. C'est dire que le scénario est riche, mêlant science-fiction et fantasy de façon harmonieuse : par exemple, le pouvoir nouvellement acquis de Slhoka paraît de nature magique sur l'île mais va être étudié scientifiquement une fois de retour dans l'Okrane — on ne serait pas surpris que dans un prochain album, les cristaux découverts se révèlent par exemple de nature nanotechnologique... A la lecture, la comparaison s'impose d'emblée avec Lanfeust de Troy : un scénario tous public, astucieux et plein de rebondissements ; une grande aventure avec beaucoup d'action et un peu d'humour ; un grand nombre de gentils sympathiques, de méchants plus ou moins antipathiques et de personnages difficiles à classer car opportunistes ou mû par des raisons plus terre-à-terre que les notions de bien ou de mal ; un dessin limpide, à la fois lisible et détaillé, avec notamment des décors très fournis, très proche de celui de Tarquin... Evidemment, cette comparaison n'est valable que dans le cadre d'une impression globale. En dehors de quelques similitudes superficielles, l'histoire est tout à fait différente, fort heureusement. Slhoka se situe d'emblée dans la science-fantasy, ce qui permet à Floch d'utiliser une imagerie variée qui emprunte aux divers genres et à diverses époques — voir la page 10 par exemple, dont l'ambiance évoque l'Afrique du Nord, avec des voitures qui semblent issues des années 1960, tandis que certains engins militaires ou la cuve dans laquelle Leidjill est maintenue en vie témoignent d'une technologie plus avancée, et que les scènes dans le Jaïpurna relèvent du pur fantastique.
Bref, Slhoka a toutes les qualités pour mériter le même succès populaire que Lanfeust de Troy. Entendons-nous, cela ne signifie pas que les auteurs ont cherché à imiter cette série — contrairement à d'autres — mais que leur propre travail se situe dans la même catégorie et qu'il est assez original et captivant pour vraiment mériter ce genre de succès. Ce qui n'est finalement pas si fréquent.
Pascal Patoz nooSFere 28/07/2003
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