|
|
| « Qui peut se vanter d'arrêter une Ombre ? Qui peut se vanter d'arrêter le temps ? Vous ? Approchez, alors… mais prenez garde !… A la moindre erreur, votre vie sera le prix demandé par les esclaves d'Ozbek… » | |
« Je suis une ombre !… l'ombre de votre passé, l'ombre qui s'attache à chaque homme, chaque animal, chaque plante… l'ombre qui finit toujours par réclamer sa part… » (p.36)
Le sablier est le symbole du temps qui passe, et donc de la mort. Celui dont il est question ici est ainsi fatal pour ceux qui s'en approchent, à moins d'avoir le talent de figer le temps...
Sur l'argument classique de l'objet porte-malheur, Jean Dufaux construit un récit fantastique exemplaire et complexe où évoluent entre autres la secte mystérieuse des amis d'Ozbek, l'Ombre, un personnage masqué qui cherche à réunir l'étrange cargaison du Solitaire et Léon Thomas, simple passant et témoin malheureux d'événements pas tout à fait ordinaires.
Bien que l'action se déroule de nos jours, l'atmosphère volontiers onirique du récit appartient au début du XXème siècle. Aussi bien l'antiquaire que les esclaves d'Ozbek semblent des vestiges d'une époque oubliée, perdus dans une ère scientifique où ils n'ont que faire. A leur approche, les objets - voitures, téléphones... - semblent remonter le temps, et l'on peut s'offrir une balade en montgolfière ou croiser un curieux rayon lumineux qui aurait sa place chez Jules Verne.
Le dessin glacé et figé de Rollin, ainsi que les couleurs volontairement ternes - dégradés de gris et de marrons à peine rehaussés par le noir des redingotes et l'or du sablier - accentuent l'ambiance triste et nostalgique qui baigne cet étrange récit, où l'angoisse s'insinue subtilement.
Une très belle série fantastique, pour laquelle 8 volumes sont prévus, à placer aux côtés du très romantique Sang-de-Lune, du même scénariste.
Pascal Patoz
nooSFere
| |
|
.
|
