« An de grâce 997, onze mois après le retour d'entre les morts de Hugues Capet, roi des francs. » Raedwald le saxon, riche marchand et trafiquants de saintes reliques, et son compagnon Arnulf, surnommé Poing de fer, découvrent en pleine forêt les restes d'un convoi tombé dans une embuscade. Au milieu des cadavres, un témoin survit, le visage et la langue gravement brûlés. Le seul moyen de secourir cet homme — et de le faire parler — est de l'emmener à l'abbaye de Santenay, qui détient les reliques de Saint Polycarpe. Ces reliques sont en temps ordinaires capables de soigner les brûlures, mais depuis peu, leur pouvoir guérisseur n'opère plus. Raedwald doit alors mener une enquête pour découvrir ce qui a pu fâcher le Saint...
A cette enquête policière moyenâgeuse, dont l'ambiance peut bien sûr rappeler celle du Nom de la Rose, s'ajoute un contexte uchronique — rappelons que Hugues Capet est mort en 996 — et des éléments fantastiques. Non seulement les reliques ont réellement un pouvoir en ce monde, mais en outre des goules hantent les campagnes ; certaines d'entre elles sont des « goules sarrasines », les créatures originelles venues d'Arabie, mais la plupart ne sont que des hommes infectés par une morsure des précédentes, à la manière des loups-garous. De plus, la science-fiction s'en mêle, avec la présence depuis deux siècles des vaisseaux spatiaux des Sylphes, qui sillonnent le ciel et enlèvent parfois quelques individus.
Bref, le mélange des genres ne fait pas peur à Richard D. Nolane, grand spécialiste du paranormal, de l'ufologie et de la cryptozoologie. Sous sa plume, Raedwald devient l'un de ces « détectives de l'étrange » qu'il affectionne tant. Son récit est dense mais dynamique. Par exemple, l'enquête menée autour du mystère des reliques inopérantes est bouclée dès ce premier volume. En revanche, les goules et les sylphes ne sont que des éléments qui traversent rapidement l'histoire, mais dont on devine l'importance du rôle à venir dans les prochains albums. Enfin, les intrigues historiques et religieuses — les « Chiens de Dieu » de Cluny tentent de mettre la main sur l'abbaye bénédictine — apportent encore une dimension supplémentaire à l'intrigue.
Le résultat est enthousiasmant, d'autant plus que François Miville-Deschênes a su donner à son dessin très précis des couleurs sombres, brunes ou orangées, qui baignent les planches d'une remarquable lumière. Celle-ci renforce l'atmosphère crépusculaire de fin du monde qui règne en cette fin de millénaire hantée par des créatures diaboliques et au ciel sillonné de lumières inquiétantes.
Cet excellent album ouvre ainsi l'une des séries les plus prometteuses du moment.
Pascal Patoz nooSFere 10/01/2004
997. Un marchand de reliques trouve, dans les ruines fumantes d'un convoi attaqué par des pillards, un survivant passablement brûlé. Seules les reliques de Polycarpe peuvent le régénérer et lui permettre de dénoncer les coupables, mais il faudra résoudre une autre énigme criminelle pour que lesdites reliques entrent en action... Un album qui mélange polar et fantastique dans un scénario touffu : pas inintéressant en dépit de nombreux clichés et de quelques scènes ridicules. (Note : Ahouaip ! Trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
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