A chaque nouvelle série dérivée, le lecteur est partagé entre l'envie légitime de voir un univers intéressant s'enrichir et la crainte justifiée d'être abusé par un sous-produit rapidement réalisé et sans autre intérêt que de s'appuyer sur l'imagerie de la série-mère.
Disons-le d'emblée, ce premier numéro de Yiu « premières missions » a de quoi séduire les amateurs de la série principale et même bien d'autres lecteurs. Cet album, qui a déjà le grand mérite d'abriter une histoire complète, éclaire le parcours du personnage principal — Yiu, la mercenaire-tueuse — , reprend l'imagerie forte créée pour la première série — dont les spiders et autres robots ou armes — et bénéficie enfin d'un scénario solide bien que faisant la part belle à l'action.
Tout commence par une prise d'otage à l'ultimatum pour le moins étrange : « Je détiens votre fille. Si vous me versez 198000 euro-dollars sous 48 heures, je la tuerai proprement. Elle ne souffrira pas. Si vous ne me versez pas 180000 euro-dollars 1 sous 48 heures, elle connaîtra 72 heures de martyr jusqu'à son dernier souffle. » Qui peut désirer à ce point tuer un enfant qu'aucune autre solution que sa mort n'est envisagée ? C'est ce que nous apprendrons avec le dénouement tout à fait logique et cohérent de cet album qui traite du clonage « thérapeutique » à la manière du roman Frères de chair de Michael Marshall Smith.
Evidemment, les amateurs de récits sobres et intimistes ne seront pas à la fête : il faut apprécier le grand spectacle, les combats musclés, les cascades et les explosions en tout genre, ainsi que les onomatopées envahissantes. Mais derrière l'action, le propos demeure grave et sérieux, et qui plus est judicieux.
Bref, ce one shot est non seulement à la hauteur du cycle principal, mais il constitue une excellente porte d'entrée dans cet univers science-fictif assez riche, ne serait-ce que pour juger de l'intérêt que l'on portera à ce mode de narration graphique « hyper speedé ».
Notes : 1. Sic. La somme n'est pas la même (probable coquille).
Pascal Patoz nooSFere 03/01/2004
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