Une catastrophe oubliée a balayé la civilisation et, depuis trois cents ans, le soleil a disparu derrière d'épais nuages : « Tout ce qu'il reste de l'Humanité essaie de survivre dans la cité-monde de Magon ». Cette survie n'est possible que grâce à l'IBC, l'Intelligence Bio-Cybernétique dont les dendrites rougeoyantes veinent les rues et les bâtiments, formant un entrelacs d'électroneurones qui véhiculent toutes sortes d'informations et alimentent la ville en énergie. Giss est un chasseur de « germes », ces « Xieu » vaguement humanoïdes qui semblent naître de l'IBC. Sa vie va basculer après qu'une de ces créatures ait tenté de lui parler : traqué par une « relique » — une sorte de cyborg-tueur — il va « communier » avec l'IBC et découvrir qu'il est peut-être autre qu'il ne croit...
Dans ses premiers romans — Chroniques d'un guerrier Sînnam — Nicolas Jarry se révélait un excellent conteur, au souffle vigoureux. Sachant cela, son premier scénario, pour Les Brumes d'Asceltis, pouvait décevoir car trop « ordinaire », appliquant des recettes manifestement destinées à séduire ce type de public qui aime retrouver des environnements familiers et des situations archétypales. Avec Magon, on découvre un échantillon de ce dont il est vraiment capable. L'univers qu'il met en place est original, puissant, étonnant, tandis que l'intrigue est immédiatement passionnante. De plus, on sent que l'on n'est pas encore au bout de nos surprises : quelle est cette expérience dont serait issu Giss ? De quoi rêve l'IBC ? Quel est ce vaisseau spatial que l'on vient de découvrir ?
En outre, le dessin de Lapeyre est somptueux. Ses décors évoque ces villes de l'Est qui, comme Prague, regorgent d'impressionnants bâtiments tantôt néo-gothiques, tantôt néo-renaissance, ou encore issus du fonctionnalisme soviétique. Un cadre grandiose pour une fin du monde où la pierre est étouffée par un manteau de neige rosée et rongée par les dendrites de l'IBC — à la manière d'une végétation qui reprendrait ses droits sur une ville abandonnée. Les superbes couleurs brunes et rouges d'Elsa Brants sont morbides et romantiques à souhait, témoignant de la disparition de la lumière solaire.
Prévue en quatre volumes, cette série aussi palpitante que splendide s'annonce comme un coup de maître !
Pascal Patoz nooSFere 01/11/2003
Dans un monde post-apocalyptique pris sous les glaces, l'IBC, une créature bio-cybernétique, étend ses dendrites dans la cité de Magon. Le jour où une excroissance de l'IBC communique avec lui, la vie de Giss bascule : traqué par ses supérieurs, il part à la découverte de son passé... Une histoire et un décors qui empruntent tant au cyberpunk qu'au gothique, à Giger, à Terminator ou aux X-Files, une action menée tambour battant, un dessin somptueux (notamment la ville et l'omniprésente IBC) : voici une série qui démarre bien, et pas qu'un peu. (Note : Oulà ! ! Yamaxibon, çà !)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
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