Au cours d'une compétition de cerf-volant à Sao Paulo, Charles est emporté dans les airs. Il atterrit sur une île étrange, habité par les Errs, un peuple très accueillant, mais qui semble ignorer l'existence du Brésil et du reste du monde. Dans le pays des Errs, l'électricité n'existe pas, pas plus que le téléphone ou les voitures. En revanche, un savant nommé Grauko est capable de créer toutes sortes de chimères : des hommes à tête d'éléphant, des oiseaux à tête humaine, etc.
Après tant d'années consacrées au Moine fou et aux Voyages d'He Pao, Vink inaugure une nouvelle série dans un style graphique assez différent. Ce voyage extraordinaire qui évoque ceux de Gulliver obéit aux lois du genre : on y fait des rencontres bizarres, mais on cherche à s'en échapper car, malgré tout, on pressent un danger latent... Dans ce premier tome, il est difficile d'apprécier l'intérêt de l'univers construit. La signification sous-jacente du récit — s'il y en a une — nous échappe : il n'est pas encore possible de le qualifier de conte philosophique par exemple. Si le pays des Errs a des gendarmes dignes de Oui-Oui, il n'est pas aussi onirique que le pays des merveilles d'Alice ni que les contrées explorées par Little Nemo. Il est même plus sage que les îles de l'Atlantique que découvre Philémon. Mais on ignore encore qui sont les mystérieux Wochitas, et ce sont sans doute eux qui détiennent la morale de l'histoire, à la façon du Magicien d'Oz.
Bien qu'il soit un peu tôt pour parler du scénario, on peut en revanche apprécier la création graphique de Vink. Après le remarquable réalisme du Moine fou, Vink surprend en peignant des personnages caricaturaux, aux têtes surdimensionnées comme d'étonnants nains. Les décors, les couleurs, les jeux de lumière, tout concourt à enchanter l'œil, et la présence de ces personnages disproportionnés créé un malaise tenace, malaise qu'accentue l'improbable présence de ces créatures chimériques curieusement insérées dans le quotidien de cet univers.
C'est avec un grand plaisir que l'on voit Vink explorer enfin d'autres univers. Malgré la grâce du Moine fou, on pouvait en effet regretter qu'il ne se renouvelle pas. C'est chose faite avec cet étrange Passager, dont on ignore encore où il va nous emmener mais que l'on est prêt à suivre au bout de son périple.
Pascal Patoz nooSFere 01/11/2003
Charles est emporté dans les nuages par son cerf-volant. Lorsqu'il atterrit, le voilà sur une île étrange, dans un autre monde peuplé d'humains, d'hybrides à têtes d'animaux, de monstres, et qui vit sous la menace d'un prêtre et du peuple des Wochitas... Une BD placée sous le signe onirique d'Alice et de Chihiro, avec dans le scénario et le dessin une naïveté qui la rend accessible aux plus jeunes. (Note : Ahouaip ! Trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°33 01/01/2004 Mise en ligne le 26/09/2005
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