Amateur de polar hard-boiled, halte, stop, ne bouge plus ! Car te voici en train de lire, l'œil plissé, mouillé aux commis­sures devant l'éclat cinglant de la pertinen­ce du ton, la critique de la bonne surprise du bimestre, que dis-je une surprise : une révélation tout droit venue d'Espagne !

     Olé !

     Des auteurs espagnols donc, dont Dargaud nous offre avec ce Blacksad la première BD, un polar qui prend pour personnages des animaux humanisés dans la grande tradition Disney (Juanjo Guarnido, qui vit en France, est d'ailleurs animateur pour les studios d'oncle Picsou). Sauf que, là, c'est pas du Mickey ! Et c'est d'une beauté à couper le souffle, d'un dynamisme, d'un réalisme, d'une fluidité formidable. C'est vivant, amusant, les cadrages sont au poil (évidemment !), la tronche des persos, leurs expressions... pfiou ! y'a vraiment rien à dire, que même que c'est ce que je fais : je la ferme !

     Sauf pour le scénar', sympa, bien glauque comme il se doit, mais déjà lu cent fois, ultra classique... Mais quoi ! ? Les ambiances sont extrêmement bien ren­dues, le dessin tellement cool qu'on dévore tout ça d'un gros coup de langue. Et puis l'histoire se termine, je veux dire qu'on est pas planté là en plein milieu de l'intrigue, comme c'est presque systématiquement le cas avec les séries. On devine le héros (un chat noir enquêteur du nom de Blacksad) récurrent, confronté à une affaire par volu­me. Que le niveau d'intrigue monte d'un chouia et nous courrons au chef-d'œuvre. C'est tout ce que l'on souhaite à ce duo bien inspiré. Bravo.