Arthur part chasser le cerf. Et bien sûr... il le tue. Gereint — le « jeune » Gereint précise-t-on, bien que, graphiquement, il ne paraisse pas spécialement jeune, pas plus jeune en tout cas que quand il est vieux — part se venger d'un affront. Et bien sûr... il se venge. Voilà pour les dix-sept premières planches, qui narrent ces épisodes somme toute très anecdotiques de la façon la plus plate qui soi.
Mais ce n'est pas fini. Chemin faisant, Gereint a trouvé l'amour. Il épouse Enid. Puis, sans qu'on sache pourquoi, Gereint a un coup de blues. Alors il part sur les routes se castagner avec divers hommes ou créatures, en imposant à sa femme de le précéder sans dire un mot. Une fois Gereint défoulé, ils retourneront chez eux « pour vivre dans la paix et l'amour retrouvés ». Ouf !
Décidément, il est difficile de cerner le projet de cette « épopée celtique ». L'histoire de Gereint et Enid n'est déjà pas palpitante, mais en plus, les auteurs semblent tout faire pour que le lecteur ne s'y intéresse pas. Au lieu de cerner la psychologie des personnages, d'étudier leurs motivations, de les rendre attachants et émouvants, de nous faire vibrer lors de leurs aventures, le récit se contente de présenter des faits bruts avec froideur, comme s'il s'agissait d'une chronique historique où la précision importait plus que l'émotion. Bref, aucun des protagonistes n'attire la moindre sympathie, Arthur pas plus que les autres. Et comme le changement de caractère de Gereint nous demeure complètement étranger, on ne perçoit aucun sens particulier à son parcours.
Trois autres tomes sont encore annoncés. Je doute qu'ils sauvent la série.
Pascal Patoz nooSFere 01/12/2003
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