Les aventures de El Borbah, ce « gros tas de viande », ainsi qu'il est écrit au dos de l'album, procèdent de plusieurs pistes. L'influence du roman noir à la Chandler, bien sûr, mais un roman noir revisité par un humour à la fois distancé et lourdement cradingue. El Borbah, détective adipeux, qui se promène en maillot et masque de catcheur, est pratiquement invulnérable et ne semble pas avoir beaucoup de cervelle, est évidemment bien loin de Bogart. Mais ses aventures, pas si loin que ça, qui reposent le plus souvent sur des machinations et des enlèvements, même si des robots et quelques « freaks » apportent une petite touche science-fictionnesque à l'ensemble. Le noir et blanc très stylisé se veut lui aussi une revisitation des années 40-50 du cinéma, mais tout de même, on lorgne du côté de Magnus pour ce qui est de la violence, pas trop distancée. Le plus difficile est de savoir ce qu'a voulu faire exactement Charles Burns. C'est bien là le principal mystère de cette série, qui pose de toutes façons plus de questions qu'elle n'en résout...