Après Le Fléau des dieux, transposition du personnage d'Attila dans l'empire galactique d'un lointain futur, voilà que Valérie Mangin nous propose sa version du cheval de Troie, transposée dans le même univers. Elle se lance ainsi dans l'ambitieuse rédaction des Chroniques de l'Antiquité galactique, colossal space opera qui n'est pas près d'être fini si toute l'Histoire antique est passée à la même moulinette. Doit-on notamment s'attendre à une future série sur la fameuse odyssée d'Ulysse (ce que d'autres ont déjà fait en dessin animé, voir Ulysse 31) ? C'est probable, d'autant plus que ses deux co-scénaristes — nommés Homère et Virgile — lui ont déjà bien mâché le travail.
On passera donc sous silence le scénario de ce premier album : qui ne connaît pas la légende du cheval de Troie ? A défaut de surprise dans le dénouement — les troyens se font encore avoir ! — , on peut souligner que l'adaptation est convaincante : le drame est bien mis en scène, l'émotion passe et le décor SF ajoute une dimension indéniable à cette histoire classique, en lui conférant un nouveau souffle. S'il est facile de transformer les villes en planète, les chars en vaisseaux spatiaux, une statue de bois en un astéroïde sculpté, la question des dieux est plus délicate. A la suite du Fléau des dieux, où Attila prend la figure du dieu Mars, Valérie Mangin a choisi de garder une vision classique des dieux grecs, qui interviennent à leur guise dans les destinées humaines, ne laissant quasiment aucune place pour le libre-arbitre. Ce choix surprend un peu dans un cadre science-fictif. On aurait pu préférer que ces dieux soient présentés comme des entités extra-terrestres, comme des intelligences artificielles, comme des machines conscientes d'une civilisation perdue... Mais peut-être la question de la nature de ces dieux n'est-elle pas complètement tranchée ? De même qu'il faudrait comprendre pourquoi les héros choisissent de continuer à se battre lorsqu'ils savent que tout est décidé à l'avance...
Sans avoir la grâce de celui d'Aleksa Gajic — en particulier dans le quatrième tome du Fléau des dieux, qui paraît simultanément — le dessin est à la hauteur de la tragédie, avec une forte expressivité — faut-il y voir l'influence de Denis Bajram qui joue le rôle d' « assistant SF » sur cette série ? La couverture reflète bien ce souffle épique qui flotte sur l'album.
Bref, une deuxième série qui séduira évidemment les lecteurs conquis par Le Fléau des dieux. Une excellente occasion de réviser son Histoire antique.
Pascal Patoz nooSFere 15/02/2004
La planète Troie est assiégée par les Achéens. Après la mort d'Hector et d'Ulysse, les Troyens voient leurs ennemis lever le camp et laisser derrière eux un astéroïde sculpté en forme de cheval... Sur le même principe que Le Fléau des dieux, ce mélange d'Histoire, de mythologie et de SF, a priori séduisant, s'avère plutôt creux... (note : Bof, yapôtrocool)
Philippe Heurtel Bifrost n°34 01/04/2004 Mise en ligne le 15/09/2005
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