Aghora, le père-mère de Sans-Nom, a usurpé le titre de Méta-Baron en ne tuant pas son propre père, l'indestructible Tête d'Acier. Lorsque Sans-Nom devient à son tour le nouveau Méta-Baron — à la suite des mutilations et du parricide habituels chez cette famille un peu particulière — il doit faire face à son grand-père, de retour pour réclamer son titre... Pendant ce temps, conscient de l'horreur de ce que représente sa caste, Sans-Nom a fait le serment d'être le dernier des Méta-Barons : afin de ne pas engendrer de fils, il s'est rendu stérile...
Cela devait arriver : à force de dérouler l'arbre généalogique, nous voici parvenu à la fin du cycle et à l'histoire du dernier des Méta-Barons. Ce huitième album est plutôt un bon cru et peut réconcilier le lecteur avec une série qui s'étirait en longueur. D'abord, nous y rencontrons le très beau « suprapou cosmique » et son âme-reine Diophante, créature supra-vampirique descendant de notre sympathique pou domestique, devenu fortement sexué au passage — on continue à baigner dans un lourd symbolisme psychanalytique. Cette confrontation nous offre quelques-unes des plus belles pages de Gimenez. Ensuite, nous comprenons le dessein ultime de la Caste des Méta-Barons, grâce à un « happy end » inattendu où la « morale » reprend ses droits. Désormais la nouvelle mission de Sans-Nom sera de « rendre aux êtres conscients l'amour de la vie » ! Voilà une formule qu'on n'attendait pas dans la bouche d'un guerrier absolu.
Les allergiques au mysticisme jodorowskien n'apprécieront pas davantage ce huitième tome, mais les lecteurs de la série seront satisfaits de cet album de conclusion, bien plus dynamique et intéressant que les précédents. Les fans apprendront aussi avec plaisir qu'un nouveau cycle s'ouvre : celui des Aventures de Sans-Nom... On en reste Sans-Voix.
Pascal Patoz nooSFere 18/01/2004
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