« Parfois je me dis que j'ai plus appris de la mort que de la vie. »
Des recherches sur l'immortalité initiées en 1999 ont abouti à la création d'un virus qui permet aux cadavres de continuer à bouger, à parler, à se battre... au moins un an après leur mort. Dix-huit ans plus tard, le monde est dévasté, hanté par des bandes de zombies dans un état de décomposition plus ou moins avancé, le plus souvent atrocement mutilés. Les vivants tentent de s'en protéger, au sein de quelques villes... Mais qui peut espérer ne jamais mourir ? Après être tombé d'un escabeau, Alan est devenu l'un de ces morts en marche, poussés par un étrange instinct de « survie » qui les fait lutter pour continuer à « exister ». Dans son errance, il rencontre Lynn, un ex-mannequin qui demeure physiquement attirante malgré ses mutilations. Ensemble, ils fuient ces monstrueux « désinfecteurs » qui chassent les morts et vont tenter de comprendre le monde où ils vivent, tenter de s'aimer. Plus tard, ils croisent la route de Grâce, une vivante qui s'attache à suivre Alan et qui cache un secret : elle est un transsexuel.
Fragile est un road movie aux allures de western gore, d'où émane un romantisme tourmenté. Les personnages continuent d'avancer, sans but certain : « On fait une belle équipe. Deux zombies et un trave à la recherche de... Bah. Je ne sais même pas de quoi. » Qu'ont-ils de si différent des vivants ? Ne sommes-nous pas tous déjà des morts en sursis ?
Dessiné dans un style qui évoque ces comics horrifiques où les mâchoires se pulvérisent en expulsant les yeux de leurs orbites, Fragile est une série impressionnante à plus d'un titre. D'abord pour ses visions horribles, bien sûr, mais aussi parce qu'au-delà de l'horreur — et au-delà de la mort — les sentiments comme l'amour et la tendresse demeurent des moteurs. Scénario et dessin se conjuguent ainsi parfaitement pour donner une œuvre forte et saisissante, bien plus intelligente que les histoires habituelles de zombies ou leurs parodies.
Pascal Patoz nooSFere 20/04/2004
Un virus a transformé presque tous les humains en zombies, avides de la chair des derniers vivants. Alan et Lynn ne sont pas comme eux : ils s'aiment, et voyagent avec une vivante vers Albertville, où l'on aurait découvert le moyen de ralentir la décompositions des morts-vivants... Une série placée sous le signe du gore et de la noirceur. Si le genre prête facilement à la parodie, nous sommes pourtant aux antipodes de l'humoristique Outre-tombe. La preuve que les thèmes classiques peuvent toujours réserver des surprises. (note : Ahouaip ! trèbueno...)
Philippe Heurtel Bifrost n°34 01/04/2004 Mise en ligne le 15/09/2005
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