Voguant vers la grande ville de Phéladelpès, un dirigeable appelé Jonas s'écrase en survolant une forêt profonde, avec à son bord Daniel et sa femme Sarah, enceinte. Les rescapés du crash sont aussitôt agressés par des nuées de minuscules humanoïdes cannibales, les Kraws. Mais parce qu'elle porte la vie, Sarah se trouve placée sous la protection de Taüt, un homme-arbre qui commande à l'ensemble des végétaux de la forêt. Avec Daniel, dont une jambe a été dévorée, elle parvient à gagner une clairière où le petit peuple des Kraws n'aura plus le droit de se rendre. Douze ans plus tard, le jeune Jérémy, le fils de Daniel et Sarah, s'est lié d'amitié avec Xhiti, une Kraw qui se refuse à manger de la chair humaine. Avec son aide, il parvient à sauver in extremis un aventurier nommé Emery et à l'amener dans la paisible clairière. Cette intrusion ne risque-t-elle pas de susciter la colère de Taüt ?
Dans un monde qui ressemble à un XIXème siècle parallèle, au ciel sillonnée par de grands dirigeables — ingrédient habituel du steampunk — Vincent Dutreuil situe une curieuse histoire de fantasy à l'ambiance plus cauchemardesque que merveilleuse. Les humains sont en effet prisonniers de cette nature hostile, tels des robinsons isolés du reste du monde, assaillis par des petits êtres grouillants aussi avides que des piranhas, épiés par un arbre amer prêt à faire surgir du sol des racines pour frapper et étouffer... Pourtant, la sensation horrifique n'est pas prédominante. Amour et jalousie sous-tendent un récit aux accents romantiques, où se succèdent des histoires d'amour impossible : Taüt est amoureux de Sarah sans qu'elle-même ne connaisse l'existence de cette créature sylvestre, Xhiti est amoureuse de Jérémy telle la fée Clochette de son Peter Pan malgré une différence de taille qui ne laisse aucun espoir, Emery souhaite se faire aimer de Sarah bien qu'elle soit mariée à Daniel... Enfin, un récit policier semble vouloir se greffer sur cette trame, Emery détenant un bijou que convoitent d'autres hommes pour une raison qui nous échappe encore.
Le dessin est simple, moins élégant que celui que Dutreuil a mis en œuvre pour Ada Enigma : le trait est plus rapide, comme esquissé parfois, tandis qu'en parallèle les couleurs s'assombrissent au fur et à mesure que le drame se tend.
Bref, Racines est une fantasy steampunk originale et assez sombre, particulièrement prometteuse. A suivre de près.
Pascal Patoz nooSFere 20/04/2004
Seuls survivants d'un accident de dirigeable, Daniel, Sarah et leur jeune fils Jeremy vivent dans une clairière au milieu de la forêt, bloqués par de féroces lilliputiens anthropophages et protégés par Taüt, dieu-arbre amoureux de Sarah. Tout bascule à l'arrivée d'un voyageur... Si l'univers ne manque pas d'intérêt, on peine à s'intéresser aux personnages et à leurs problèmes amoureux. Il n'est pas interdit pourtant que la série décolle avec le second volume... (note : Bof, yapôtrocool)
Philippe Heurtel Bifrost n°34 01/04/2004 Mise en ligne le 15/09/2005
|