Entre autres créatures étranges, le Moyen-Âge recèle naturellement quelques géants. Et lorsque le bébé d'un géant s'égare — pas n'importe quel bébé : il se nomme Gargantua — , c'est évidemment sur Merlin qu'il tombe... S'ensuivent une série de gags évoquant Chérie, j'ai agrandi le bébé, avec un morveux maladroit qui casse tout sur son passage, qui sirote les vaches et les brebis comme autant de biberons et qui terrorise les villageois pas toujours très futés. Tout cela est d'autant plus sympathique que Morvan joue au jeu des clins d'œil — à commencer par ces travailleurs de la mer qui s'appellent Victor et Hugo... Mais même si l'on reste dans l'esprit des premiers albums scénarisés par Sfar, on ne retrouve pas la même subtilité, ni la même aptitude à détourner l'Histoire et les mythes — Sfar aurait-il réussi à pousser la référence rabelaisienne jusqu'à faire de cet album quelque chose d'hénaurme ? Heureusement, le dessin de Munuera demeure toujours aussi dynamique et suggestif. Il est pour beaucoup dans le plaisir de lecture d'un album par ailleurs relativement mineur.
Pascal Patoz nooSFere 03/01/2004
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