Date, un futur lointain — Lieu, une base pénitenciaire (Le Phare), implantée sur la planète Reg, hors de notre système solaire — Caractéristiques de la planète, immense désert et temps d'ensoleillement perpétuel en raison des deux soleils qui l'éclairent. Tous les ans, le Président de la Fédération des États de l'ouest octroie des grâces présidentielles. Sept détenus vont être tirés au sort pour bénéficier du Projet rédemption, qui consiste à faire un acte de contrition : une marche dans le désert pour « récupérer la vie ». Politiquement, sur Terre, le climat est tendu. Le sénateur KA est soupçonné d'avoir trempé dans des affaires de mœurs et de drogues. Une enquête est menée depuis plusieurs mois, mais le peu d'indices ne suffisent pas à l'incul­per. Néanmoins, dans les prochaines heures, il pourrait présenter sa démission. En fait, grâce au projet rédemption, on souhaite en haut lieu faire libérer un avocat, Nicolas EVAN, accusé d'avoir accepté des pots de vin de la part de confrères et de certains clients. Incarcérés depuis vingt et un mois au pénitencier Phare, il n 'a obtenu ces traite­ments de faveurs qu'au chantage qu'il a exercé sur le sénateur. EVAN prétend en effet détenir des informations compromettantes concernant KA, qui seraient immédia­tement divulguées par l'intermédiaire d'un tiers se trouvant sur Terre, si quelque chose de fâcheux devait lui arriver. Bluff ou pas, EVAN est pris au sérieux. Quant aux six autres détenus, au moins pour quatre d'entre eux, leur présence n'est pas due au hasard : Ayant eu affaire (sans le savoir) de près ou de loin à des proches de cet homme politique dans le cadre d'histoires troubles.

     Une enquête complète digne du film « Usual Suspects », dont les séquences passé/présent s'articulent avec fluidité et la précision d'un mécanisme d'horloge. Un véritable tourbillon d'intrigues politico-judiciaires, aux rebondissements étourdissants ; Le tout servi par un dessin terriblement efficace et séduisant, où chaque cadrage, chaque détail, chaque ambiance, servent à merveille l'intensité et la rigueur du scénario.

     Planète désertique chauffée par deux soleils, Reg abrite un pénitencier digne d'Alcatraz. Cependant, chaque année, le président terrien permet à un certain nombre de prisonniers de recouvrer leur liberté, s'ils réussissent une épreuve appelée la rédemption : cette année, sept hommes encadrés par trois gardes — deux robots et un androïde — doivent traverser cent vingt kilomètres de désert en trente-six heures. La course, déjà difficile en soit, prend une tournure très particulière après la mort plutôt suspecte de plusieurs détenus et face au comportement intrigants de l'encadrement, en particulier celui de l'androïde gradé...

     L'enquête qui s'ensuit va nous faire revivre cette éprouvante rédemption, sur fond de manigances politico-financières. Grâce au procédé classique du flash-back, l'histoire nous présente en parallèle l'enfer de la rédemption et l'interrogatoire que mènent les agents Demme et Targar sur l'androïde en charge de la mission, nous renvoyant sans cesse à la réalité du terrain.

     Il est difficile d'innover dans le genre de l'enquête introspective, et en cela le scénario présente peu de réelle nouveauté, à l'exception d'un point précis : le principal intéressé est un androïde incapable de désobéir, ce qui permet de jouer avec les ambiguïtés de ce personnage... Une belle réussite, même si quelque peu complexe à suivre à certains moments. Heureusement, le dessin épuré de Sorgone, appuyé par un coloriage spécifique à chaque période, simplifie la lecture sans atténuer le rythme ni l'ambiance de ce thriller SF.

     Rédemption, premier volet de la série Grain de sable, s'inscrit dans le catalogue d'un petit éditeur qui gagne à être connu tant la qualité et la diversité de sa production est remarquable. A découvrir et à encourager.