Bastien est « expert en géographies imaginaires » et Nicolas bouquiniste. Ils s'interrogent sur les curieux documents que l'un deux a reçu par la poste, sans en connaître la provenance. Ces papiers relatent entre autres le vol d'une icône en Sibérie, en 1920, puis l'assassinat du voleur par un individu que l'on retrouvera plus tard dans le désert de Gobi, la langue tranchée... Un peu plus tard, une jeune fille inconnue remet à Bastien une autre clef du puzzle, un album de bande dessinée de science-fiction titrée Les Aventures de Marko le petit prince. Cette BD italienne au style désuet montre un jeune garçon errant dans un monde où vivent dinosaures et géants de pierre. Des géants dont l'allure rappelle de façon troublante celle des hommes qui se mettent subitement aux trousses de Bastien et qui semblent avoir déjà fait disparaître autrefois le créateur de Marko. Le mystère converge-t-il vers Shamballah, la mythique cité d'émeraude du légendaire royaume d'Agartha, où une occultiste morte en 1891 prétendait que des demis-dieux originaires de Vénus avaient atterri ?
Corteggiani fait fort avec cette nouvelle série riche en énigmes et en rebondissements. Les discussions entre Bastien et Nicolas sont illustrées par des récits qui permettent de voyager à différentes époques, sur les traces d'aventuriers, d'explorateurs ou même de dessinateurs de BD... Ces divers récits, de quelques cases à quelques planches, sont étroitement imbriquées et alternent en outre avec les planches issues de Marko le petit prince, avec un jeu de miroirs entre la fiction et la réalité. Pas de doute, ce scénario intrigant s'avère immédiatement captivant.
Par sa volonté de réalisme, le dessin de Cébé s'efface derrière le scénario et se fait presque oublier. Le contraste n'en est que plus saisissant lorsque le dessinateur réalise ensuite d'excellents pastiches d'anciennes BD de SF ou même des aventures du Concombre masqué. Ces ruptures de style sont d'autant mieux venues qu'elles servent parfaitement l'intrigue et qu'elles rompent la monotonie d'un style au réalisme rigoureux.
Comme toujours, reste à savoir si la série tiendra les promesses de ce premier album épatant. En tout cas, c'est assurément bien parti.
Pascal Patoz
nooSFere
01/03/2004
| 
