Le système d'Irth regroupe Alamut et sept autres planètes colonisées par l'homme. Les sept régents des planètes affiliées se réunissent en un conseil dirigé par le tyran Braso, un dictateur dont la principale ambition est de conquérir le pouvoir absolu et de mener une guerre implacable contre ses opposants. Face à lui se dresse l'insaisissable et légendaire cité d'Edaleth, dont l'existence même est mise en doute. En son sein, Djah le prophète du dieu Nyvha, est prêt à sacrifier sa maigre armée contre les forces de Braso. Mais deux autres personnages mènent un jeu trouble : Mayak, le conseiller de Djah, ne semble guère partager les convictions religieuses de celui-ci ; Ama, une sicaire — droïde organique de combat — est aux ordres de Braso mais pourrait bien changer de camp.
Guerre sainte et intrigues politiques forment la matière d'un bon nombre de space opera, à commencer par Dune. Il est difficile de renouveler le genre, mais Les Insurgés d'Edaleth parviennent à émerger immédiatement du lot, en raison de trois qualités principales. Premièrement, la narration est impeccable, avec une intrigue dense mais parfaitement claire et des personnages solidement campés. Certes il demeure bien des lacunes, qui seront sans doute comblées dans les deux prochains tomes annoncés, mais dès ce premier album l'univers présenté acquiert déjà une consistance appréciable. Il pourrait sans doute servir de cadre à de nombreux récits, sur chacune des planètes du système. Deuxièmement, le récit entre en résonance avec l'actualité récente. Il est impossible de ne pas établir certains parallèles : d'un côté le terrible attentat contre Alamuth, le discours vengeur de Braso et la guerre sainte qui s'ensuit, de l'autre le onze septembre 2001 et la croisade des Etats Unis. Les auteurs ne semblent d'ailleurs se mettre ni du côté du dictateur, qui a manipulé les événements pour servir son ambition, ni du côté des insurgés mus par une foi aveugle et kamikaze. La raison est-elle du côté de Mayak, qui prétend défendre la démocratie mais qui manie le mensonge comme une arme ? Ou ses motivations sont-elles plus troubles encore ? Troisièmement, l'univers graphique mis en place par Alain Brion est original. Bien qu'entièrement réalisé à l'ordinateur, son dessin n'est ni froid ni lisse. Il recèle au contraire une indéfinissable étrangeté, un peu déroutante au début, puis rapidement envoûtante. Les visages de nombreux personnages, laids voire grotesques, confèrent au récit des allures de farce macabre, tandis que les couleurs baignent les décors d'éclairages inhabituels.
Un space opera en phase avec notre propre monde, à l'intrigue aussi prenante que le dessin. Remarquable !
Pascal Patoz nooSFere 10/05/2004
Depuis qu'il a détruit la République, Brason règne en tyran sur la galaxie avec l'appui du clergé. Mais la rébellion est active... Si le dessin en 3D est étonnamment chaleureux, quel est l'intérêt de cette histoire déjà racontée mille fois et truffée de mysticisme en toc ? On cherche encore... (note : Bof, yapôtrocool)
Philippe Heurtel Bifrost n°35 01/07/2004 Mise en ligne le 01/09/2005
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