En 2069 — centenaire du premier pas de l'homme sur la Lune — la conquête de l'espace est au point mort. Depuis la sécession des « Premières colonies », le gouvernement mondial a renoncé à envoyer des hommes dans l'espace. Il ne mise plus que sur le projet Von Newman, un programme de mécanisation intégrale de la conquête de l'espace, grâce à des machines auto-réplicantes qui ne sont hélas toujours pas au point. Cette situation désespère les jeunes jumeaux Gil et Fred, qui ne rêvent que de partir pour les étoiles tandis que leur mère Karen Springwell les délaisse pour animer une émission de « real-TV ». Mais une rencontre va bouleverser leur univers, celle de Karen avec Cho Jen, sur une île perdue de Chine. Ce marginal solitaire, qui fait tout son possible pour se connecter à ConvoiTM, un jeu de réalité virtuelle vieux de trente ans et pourtant toujours d'actualité, semble au cœur d'une bien mystérieuse affaire...
Voilà une histoire qu'une réédition en intégrale permet de bien mieux apprécier. En effet, à la lecture des deux premiers albums, l'intrigue peut apparaître assez confuse et hétéroclite, n'incitant pas forcément à poursuivre l'aventure. En réalité, les divers fils du récit finissent par se mettre en place à l'approche du dénouement, formant alors un tout beaucoup plus cohérent qu'on ne le pensait, mêlant habilement intrigue politique, conquête spatiale et réalité virtuelle. Pour autant, la série n'est pas toujours très convaincante. Par exemple, le jeu ConvoiTM paraît fort peu passionnant et on ne parvient guère à croire qu'il puisse susciter un tel engouement, surtout de manière aussi durable. En outre, le traitement graphique est un peu en décalage avec le sérieux du récit. La ligne claire aux couleurs tranchées et le style des personnages lui donnent un air rétro et naïf de faux pastiche qui ne sert pas pleinement sa complexité. On peut par ailleurs regretter que les scènes de réalité virtuelle ne bénéficient pas d'un style distinct par rapport au reste de l'album. Certes, les images sont parfois émaillées de logos et d'indicateurs de marques, à la façon cyberpunk, mais cela ne suffit pas à rendre palpable cette réalité alternative.
Malgré ces quelques réserves, cette série s'avère toutefois intéressante grâce aux idées qu'elle développe et elle mérite d'être redécouverte par les amateurs de SF. Cette intégrale en est l'excellente occasion.
Pascal Patoz nooSFere 20/07/2004
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