Nous pouvions jusqu'à présent qualifié l'Héritage d'Emilie de « fantasy classique » (voir les chroniques des deux premiers volumes), et voilà qu'avec L'Exilé nous nageons en pleine... science-fiction ! Car l'exilé du titre n'est autre qu'un extraterrestre banni de sa planète d'origine et arrivé sur Terre en 1223. Depuis, cet ex-immortel — son séjour terrestre le condamne à un lent vieillissement — est à la recherche des portes qui menaient autrefois vers Thétys, sa planète d'origine, un véritable paradis perdu. Hatcliff, le domaine dont Emilie a hérité, renferme bien sûr l'une de ces portes, peut-être la dernière encore en fonction. Voilà qui explique bien des choses...
La high fantasy ancrée dans un contexte historique réaliste vire cette fois au space opera dans une transition parfaitement naturelle et harmonieuse, sans aucune rupture de ton dérangeante. L'impression de merveilleux est au contraire plus forte que jamais, grâce aux magnifiques cités de Thétys, qui évoquent celles de nos légendes, de l'Atlantide à Avalon. Voilà qui permet à la thématique de s'enrichir et à l'imagerie créée par Florence Magnin de se diversifier. Le résultat est toujours aussi superbe, mais aussi de plus en plus prenant.
A moins qu'ils ne jurent que par la hard science ou le cyberpunk, L'Héritage d'Emilie devrait décidément enthousiasmer tous les amateurs du sense of wonder !
Pascal Patoz 15/12/2004
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