« De l'inattendu et horrifique coup du sort qui frappa Delphius, Marquis Riquetti de Mirabelle et de ce qui s'en suivit pour lui. » A une période qu'on pourrait aisément, ne seraient-ce quelques détails frappant, rapprocher du début de notre XlXe siècle, dans un pays qui pourrait être la France, ne seraient-ce quelques autres détails curieux, bref dans un monde qui pourrait bien être le nôtre (s'il n'y avait pas ces foutus « détails »), la guerre fait rage. Et pas n'importe quelle guerre. Une des pires : une guerre civile. Ainsi la Franslavie est-elle coupée en deux, le nord s'opposant au sud à grands coups de canons. Quant au capitaine de Mirabelle, c'est un fidèle sujet de Sa Majesté Ciprius IV, pour laquelle, à la tête de sa 7ème Brigade, il tue avec bravoure et acharnement ces mécréants de rebelles du nord. Jusqu'au jour où, lors d'une furieuse escarmouche, il découvre un coffre au contenu pour le moins surprenant : neuf têtes alignées en rang d'oignons dans des bocaux. Et le plus curieux, c'est que parmi ces têtes il y a celle de son père ! Et quand, le soir venu, la tête en question entreprend de lui parler de loge secrète et de forces occultes, notre bon Marquis de Mirabelle commence à comprendre combien sa vie risque de prendre un tour inattendu dans les prochains jours... La malle écarlate est une BD surprenante à plus d'un titre. D'abord parce qu'on est en droit de s'étonner de retrouver Tiburce Oger à la tête d'un scénario évoluant à mille lieues de ce à quoi il nous avait habitué, que ce soit dans sa sympathique série de Fantasy Gorn (six tomes à ce jour chez Vents d'Ouest, qu'il dessine et scénarise — cf. Bifrost 03), ou encore dans Orukk, le faiseur de nuages, un très joli conte aux éditions Delcourt sur un scénario de Filippi dont on aura l'occasion de reparler. Et puis, lorsqu'on connaît le Oger dessinateur, il peut paraître surprenant de le retrouver associé, sur une série qu'il ne fait que scénariser, avec un collègue dont le trait est, là encore, très éloigné du sien. En tous les cas ce qui est sûr, c'est que les planches d'Igor David pourraient en dérouter plus d'un. Ça risque bien d'être tout l'un ou tout l'autre, soit très beau, soit très moche, selon qu'on apprécie ou non son style aux couleurs contrastées et appuyées. Reste que le coup de pinceau de David, pour peu conventionnel qu'il soit (une qualité rare, me semble-t-il), confère à l'histoire de ce monde parallèle (uchronique ?), un réel caractère d'authenticité. A compulser avec intérêt.
Org Bifrost n°8 01/04/1998
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