En ce début de XX ème siècle, François a été élevé avec Maxime sur une île créole. Le premier est fils de serviteurs et le second est le fils du propriétaire du domaine. François a suivi ce dernier à Paris où il lui sert de chauffeur. À la mort de son père, Maxime hérite de Maison Rouge. Il décide de revenir vivre au Pays et ils partent tous les deux. Sur place, François, qui a laissé derrière lui Bénédicte une jeune modiste dont il est amoureux, s'ennuie. Il rencontre deux cousins, ivrognes invétérés qui lui demandent de les aider à mettre la main sur le trésor de Jean Bouin le pirate. Ils sont persuadés qu'il est enfoui sur le domaine et que la carte se trouve dans la bibliothèque de Maison Rouge. Une nuit d'insomnie, il croit apercevoir une silhouette blanche. Celle-ci se révèle à lui quelque temps après, comme le fantôme d'un pirate anglais qui doit retrouver son vrai nom pour être libéré. Parallèlement, Maxime, qui est ingénieur, rencontre Patel, un passionné de mécanique. Tous deux décident de construire une machine volante ...dont François sera le pilote.
Appollo connaît bien l'île de la Réunion où il a grandi. Il s'en inspire pour tisser une intrigue pleine de fantaisie, où rien ne semble interdit : les cabris parlent, les fantômes fument et tentent de boire du rhum... Attention, ce n'est pas un thriller trépidant. On se rapproche plutôt de la BD intimiste, d'étude de caractère, avec un héros un peu paumé. A-t-il un passé ? Rêve-t-il d'un futur ? François vit le présent, un mode de fonctionnement représentatif d'une partie de la population locale qui a un rapport au temps bien différent de celui que nous impose notre société occidentale. Appollo a conçu un personnage attachant pour sa nonchalance et sa propension à se laisser porter par les événements, à prendre sans réelle surprise des rencontres pour le moins surprenantes. Le déroulement du récit tient compte de ce trait de caractère et offre un climat onirique dans une atmosphère d'oisiveté. Il est vrai qu'on aimerait peut-être plus d'action, plus de rythme ! Le dessin de Li-an est, bien que cela paraisse paradoxal, à la fois dépouillé et fouillé, fouillé pour ce qui concerne l'expression des personnages et dépouillé pour tout ce qui touche aux décors et à l'environnement des héros. Mais l'auteur semble plus à l'aise, son trait est plus nerveux, dynamique dans cet univers que dans celui du Cycle de Tschaï qu'il met en œuvre chez Delcourt.
Une série à suivre cependant pour des qualités en devenir.
Serge Perraud nooSFere 06/10/2005
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