Le Professeur Abott Costello cherche à séduire Sally qu'il a enlevée. Pour cela, il veut s'emparer des richesses d'une ville en faisant déferler, dans le désert, une vague de gel qui tuera tout et ce, grâce à un soupçon de poudre et quelques tonnes de sable. Son objectif est l'île de Diverdune et sa capitale Crocogna, au sud de l'archipel. Howard et Harry, en route pour le bagne de Diverdune, sont délivrés par Enrique Sanchez, le chef d'une caravane de gens du spectacle qui se rendent à Dusty Point, pour la fête des fantômes. Howard veut partir à la recherche de Sally. La cartomancienne qui les a accueillis dans sa roulotte leur indique une piste : la femme qu'il aime approche de Crocognan. Sur une monture prêtée, Harry et lui se pressent pour aller vers la capitale...
Corbeyran invente un nouvel univers qui mixte fantastique, steampunk et lui permet de revenir sur l'un de ses thèmes favoris : la recherche de la liberté, les luttes pour l'acquérir et surtout la conserver. Comme dans nombre de ses créations, on retrouve, ici, son goût pour des histoires fortes dans un environnement âpre, noir, hostile à l'être humain. Il conçoit, pour Archipel, une histoire en quatre volets complets, qui se déroulent dans un lieu différent pour chacun d'eux. Il utilise, comme fil conducteur de son intrigue, la lutte, entre un homme mûr et un jeune homme, pour l'amour d'une femme. L'auteur construit, pour la circonstance, un vocabulaire innovant fait d'expressions amusantes qui gardent cependant un sens très compréhensible. Scénariste et dessinateur se laissent aller à une certaine nostalgie vis à vis du célèbre constructeur automobile aux chevrons. Les véhicules carcéraux servant au transport des bagnards sont de bons vieux « tube » et une superbe 2CV tracte une roulotte dans la caravane.
En réalisant une alternance de dessins au trait et en couleur directe, de vignettes à peine esquissées et d'autres fouillées Barbay introduit une lecture facile entre les différents lieux de l'action. La couleur à dominante d'ocre renforce l'atmosphère de désolation et ajoute un climat quelque peu onirique, féerique.
Archipel permet de retrouver, avec plaisir, un scénariste échappé pour quelques temps à ses Stryges et un jeune dessinateur au talent qui se confirme. Un futur « grand » de la BD, si...
Serge Perraud nooSFere 23/10/2005
|