Un arpenteur stellaire est une créature mi-organique mi-minérale — une sorte de coquillage spatial — capable de servir de vaisseau interstellaire aux humains. L'un d'eux, à cours d'orgamine — la source d'énergie nécessaire à sa mémoire — s'échoue sur la planète Vioocta, avec à son bord un équipage de pirates d' « aventuriers indépendants », aux ordres de la jolie Kaïna. Ils y rencontrent le clan des Akranes, rival de celui des Hourando, qui détient justement l'ensemble des réserves d'orgamine. Un marché est conclu : si Kaïna aide les Akranes à vaincre leurs ennemis, elle pourra obtenir l'orgamine nécessaire...
Voici du space opera à l'ancienne, assumant sans complexe les clichés du genre. La planète Vioocta est peuplée d'un nombre extraordinaire de races extraterrestres, qui vivent ensemble en se comportant tous de manière strictement humaine ! On ne saura rien de ce qui a permis ce melting pot particulièrement coloré. Et tout ce joli monde, à l'heure du voyage spatial, vit comme au Moyen-Âge, sans une cafetière électrique, un téléphone ni même un révolver : l'attaque d'un camp s'y fait à l'épée, le héros ayant même pour l'occasion abandonné son fusil — pourtant visible sur la couverture. Apporter une crédibilité à cet univers ne paraît donc pas la préoccupation principale des auteurs. Par exemple, lorsque l'arpenteur en difficulté se téléporte, ce n'est que pur hasard s'il réapparaît à côté d'une planète habitable : aucune tentative de justifier un tel coup de chance. Autre exemple, le pauvre poème cité en quatrième de couverture démontre que la poésie n'a vraiment pas beaucoup progressé en tant d'années...
Quant à l'intrigue, on a le droit à tous les ingrédients habituels du genre : les pirates de l'espace ; les clans ennemis avec leurs Roméo et Juliette ; la lutte pour une substance quelconque, ici l'orgamine plutôt que l'épice de Dune ; de mystérieux prêtres-guerriers ; le jeune premier qui ignore ses origines mais dont on pressent qu'il pourrait être le fameux héritier des étoiles du titre ; etc.
Bref, le scénariste s'inspire davantage de Star Wars que du Nouveau Space Opera. Le dessinateur, lui, se situe plutôt dans la ligne d'un Mézières, avec une héroïne bien moins séduisante que Laureline mais avec un univers bariolé pas désagréable.
Si on ne le considère que comme un pur divertissement sans prétention, coloré et distrayant, ce premier album demeure assurément sympathique, mais il faudra que la série tape plus fort si elle veut se démarquer.
Pascal Patoz nooSFere 20/01/2006
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