La Sainte Inquisition a, de tout temps et en tout lieu, traqué les hérétiques de tous poils. Le Capitan Carlos, petite noblesse mais vaillant soldat, est en mission en Bohème pour aider les Slaves à combattre les sectes qui pullulent. Il s'attaque, avec le groupe du Major Stefanik, à une forteresse qui abrite des adamistes. L'assaut, sans combat, se termine par une tuerie d'hommes désarmés, de femmes et d'enfants. Quand il tente d'arrêter cette boucherie, il se heurte à Stefanik. Il le défie en duel et le tue. Deux ans plus tard, libéré, il est de retour à Tolède et loge chez le frère Gabriel Tellez, le dramaturge. Alors qu'il s'est juré d'abandonner les armes, ils sont assaillis, lors d'une promenade, par trois anciens soldats de Stefanik qui veulent venger la mort de leur major. Le frère Tellez et Carlos sont sauvés par l'irruption, du premier étage, d'un très fin bretteur. Il se présente comme le marquis de La Motta. Carlos est convoqué par le tribunal de l'inquisition, à cause de Clara, sa sœur religieuse. Celle-ci tient des propos blasphématoires. Avant qu'elle ne se suicide, elle révèle à son frère que Don Juan Tenorio l'a séduite, forcée à outrager Dieu et abandonnée. Il se retrouve, contre son gré, impliqué dans la lutte contre la secte du Serpent pour retrouver Les Trois Imposteurs, un livre démoniaque qui serait l'œuvre de Judas l'Iscariote et à venger le déshonneur et la mort de sa sœur. Il apprend que son sauveur n'est autre que Tenorio. Or, les règles de l'honneur empêchent de tuer un homme qui vous a sauvé la vie !
Le scénario de Lemoine est formaté pour répondre au cahier des charges de la Loge Noire, une collection historique qui mêle le secret et le mystère, l'ésotérisme et le fantastique. Cependant, il est passionnant. Il éveille l'intérêt et maintient tout au long de l'album cette tension qui pousse à dévorer les pages, quitte à manquer le détail important, pour découvrir les rebondissements de l'action et les avatars des personnages. L'intrigue est construite avec finesse et mêle nombre d'informations et données de l'époque sur ce que l'Eglise Catholique considère comme des sectes. Le scénario prend en compte la réalité historique. Par exemple, Christophe Lemoine donne vie à Tellez Tirso de Molina, entré dans l'histoire du théâtre pour, au delà de ses trois à quatre cents pièces, avoir mis en scène pour la première fois Don Juan le personnage de légende dans Le Trompeur de Séville. Un Don Juan qui hante les pages de l'album sous le nom de Tenorio, un personnage complexe, qui semble sans morale et que poursuivent Carlos et Esteban, un capitaine de l'inquisition. Le caractère de l'intrigue et le profil des personnages sont mis en valeur et parfaitement restitués par le dessin de Jean-Marie Woehrel. Celui-ci a fourni, on le ressent, un gros travail sur le mouvement, sur le dynamisme des séquences et sur la cohérence de la mise en page. Le souci du détail, la volonté de donner une représentation la plus fidèle possible de cette époque se traduit par des décors et des costumes splendides. Cette jeune équipe, est parrainée par Jean-Charles Kraehn. Quand on connaît le talent et l'exigence de ce monsieur, on s'étonne moins de la qualité de l'album.
Un premier tome réussi pour une série pleine de promesse !
Serge Perraud nooSFere 20/01/2006
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