Quelques exemplaires du Visio veritatis, le livre de Mechtilde d’Arras, (une mystique morte sur le bûcher en 1297) continuent leurs ravages et sèment la mort parmi les lecteurs au fil des siècles. C’est parce que Patrick Prada veut écrire un livre sur cette visionnaire, que son épouse en achète un exemplaire chez un bibliophile parisien avant de « se suicider ». Patrick n’a de cesse de comprendre les raisons de cette mort. S’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre ? Peu à peu, il remonte des pistes tant contemporaines qu’historiques. C’est ainsi qu’une visite à sa mère, vivant seule dans une maison au bord de mer, avec des trésors dans sa bibliothèque, l’amène à rencontrer Léonora Prada. Celle-ci, responsable d’une galerie d’antiquités, semble en savoir long sur le sujet. Après Anvers, Séville, il est amené à s’intéresser à un exemplaire imprimé au Vatican en 1644. Il comprend également que sa mère lui cache des informations. Sa famille serait-elle mêlée, de près ou de loin, à l’histoire de Mechtilde ?
Si, dans les deux premiers tomes, les auteurs mettaient en place, sans ménager le suspense, une intrigue pleine de péripéties, ils livraient cependant peu d’indications sur le fond et sur la nature du Visio veritatis. Le présent tome apporte plus d indications qui pourraient laisser penser que… Mais prudence ! Vu la rouerie dont ont fait preuve les scénaristes jusqu’alors, il vaut mieux ne pas se hasarder à des hypothèses qui… L’Ordre Impair mêle avec bonheur les problèmes d’aujourd’hui, problèmes économiques et politiques à une redécouverte historique des creusets d’idées que furent, aux 15 et 16 ème siècles, les Pays-bas, l’Espagne et l’Italie. Le récit est toujours rondement mené et les rebondissements nombreux. Paul Teng semble avoir un attrait particulier pour la représentation de toutes les scènes historiques, qu’il réussit fort bien. Il était moins à l’aise pour le graphisme des scènes se déroulant aujourd’hui. Mais ce décalage s’estompe. Une évolution rapide qui se doit d’être soulignée. Il est à noter, dans cette histoire, la prépondérance historique des femmes dans l’édition et la diffusion des exemplaires du Visio veritatis. Faut-il chercher quelques réponses dans ce sens ?
Serge Perraud nooSFere 26/03/2006
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