A l'orée d'un bois magique, deux familles liées par le sang cherchent à mettre la main sur un mystérieux manteau, qui confère à celui qui le possède le pouvoir de modifier la réalité...
D'une histoire au fond très simple, James Owen fait un récit alambiqué et tortueux, voire difficilement compréhensible. D'une part, les personnages sont parfois si peu aisés à identifier que le préfacier a jugé bon de fournir quelques « trucs » pour s'y retrouver, d'autre part les bulles et les dessins n'apportent guère d'éléments permettant d'avancer dans la compréhension de l'intrigue. Ce sont au contraire certains des longs textes enchâssés dans le récit qui distillent quelques informations plus claires quant aux enjeux du récit. Ce choix peut séduire, car il confère à cette oeuvre un statut intermédiaire entre le roman et la bande dessinée. Il peut en revanche irriter, si on l'attribue à une incapacité de l'auteur à mener à bien une véritable narration graphique. Cela pourrait faire considérer Owen plus comme un illustrateur que comme un auteur de comics, car ses dessins accompagnent plus l'histoire qu'ils ne la racontent. De même, le style de ces textes peut également plaire comme indisposer, telle la quatrième de couverture reproduite ci-dessus, que l'on pourra selon son goût trouver poétique ou indigeste. Enfin, certaines ruptures peuvent une fois de plus enchanter ou agacer. Comme le personnage drolatique du serveur, caricature de Marty Feldman, en complet décalage avec les autres personnages et avec l'ambiance fantastique plutôt sombre et torturée. Ou comme l'irruption sympathique mais improbable d'une caricature de Neil Gaiman en conteur-jardinier. Ou encore comme la référence disneyenne à la serrure parlante.
S'il n'est pas toujours d'une grande lisibilité, le trait de James Owen possède un grand charme, notamment par sa minutieuse profusion d'herbes folles, de végétation vigoureuse, de branches entrelacées, de cheveux luxuriants ou de barbes exubérantes, ainsi que par son découpage, souvent en longues cases étroites, volontiers répétitives, cernées d'une épaisse bordure noire. Là encore, cependant, on peut trouver les effets un peu trop récurrents, n'échappant pas toujours à une certaine monotonie.
Bref, Starchild est une oeuvre étrange et énigmatique dans laquelle chaque lecteur peut sans doute trouver autant de qualités que de défauts. Mais, quoique peut-être pas pleinement maîtrisée et pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions, cet épais ouvrage possède une originalité et une ampleur qui en font une composition intéressante, digne de figurer dans la bibliothèque d'un amateur de fantasy dessinée.
Pascal Patoz nooSFere 05/04/2006
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