Le Vétéran, un superflic armé d’un aquajet surpuissant, est la vedette d’une émission de security show. Il intervient dans les zones difficiles. Cependant, par souci d’équité, il détruit et tue autant derrière la caméra que devant. Et aujourd’hui, il est dans la nature… Dans un laboratoire de l’armée, une équipe, grâce à des manipulations génétiques, Prépare les mutants de demain. Ceux-ci ont reçu un autre génome qui leur permet de passer d’un corps à l’autre, de l’état d’humain à celui d’animaux. Mais le passage n’est pas toujours volontaire, …ni réversible. Devant la succession des incidents, la rupture des émissions de télé, le Président de la République prend le contrôle du labo. Il veut réactiver « Idoles » un autre show télé, avec un trio de géants, équipés d’une force de frappe supérieure à quatre chars d’assaut et conditionnés pour exécuter des ordres télépathiques. Il veut également faire disparaître ces mutants et se débarrasser d’une mystérieuse entité qui circule, sans que personne ne puisse l’identifier et qui serait responsable de nombreux soucis. Or, les mutants, qui vivent mal leur état, ne sont pas disposés à se laisser faire.
Mathieu Gabella veut raconter une histoire de super héros. Cependant, plutôt que nous montrer une fois encore le côté triomphant, la face lumière de tels personnages, (on a des millions de pages pour cela) il choisit de nous dévoiler ce que pourrait être la face sombre, les problèmes génétiques, les difficultés d’adaptation physiques et psychologiques… Il place ce sujet dans un contexte politique crédible qui est l’arrivée au pouvoir d’un groupe ultra sécuritaire et imagine toutes les dérives liées au concept des réality show d’aujourd’hui, concept qui va de plus en plus loin dans la ressemblance avec les jeux des cirques romains. Il brosse une étude des réactions psychologiques, des problèmes de mutations, de la notion d’humanité par rapport à l’animalité, des plus intéressantes.
Le trait de Emem et le style nerveux de son dessin sont parfaitement en harmonie avec le scénario. Il réalise des décors et des mélanges « humains animaux » fort réalistes. Il fait émerger et transparaître les sentiments de ses personnages même lorsque la morphologie de ceux-ci ne s’y prête pas vraiment.
Pour le traitement des sujets, pour son illustration et sa mise en scène, Crescendo et la série Idoles méritent largement un satisfecit, satisfecit que l’on peut exprimer aussi en levant le pouce avec un hochement de tête énergique et une moue approbatrice.
Serge Perraud nooSFere 17/07/2006
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