Et si la Guerre des Mondes imaginée par H.G. Wells avait vraiment eu lieu, si l'humanité avait eu la possibilité d'examiner ces fameux tripodes et d'en assimiler la fabuleuse technologie, quelle figure aurait eu le vingtième siècle naissant ?
C'est à cette astucieuse question que répond Scarlet Traces, une épatante uchronie à l'ambiance steampunk où « l'Empire Britannique est enfin réellement une puissance mondiale sans égale », où « les demeures sont chauffées et éclairées par une version pacifiée du rayon ardent » (p.10) et où les chevaux sont remplacés par d'étranges machines dotées de pattes arachnéennes. Ian Edington y situe une intrigue policière qui débute par la découverte de cadavres étrangement mutilés sur les berges de la Tamise et qui mènera à de stupéfiantes révélations. Cette intrigue brillante et inventive s'avère d'autant plus enthousiasmante que le parcours du « héros », finalement condamné à l'impuissance et à la déchéance, est lui aussi inhabituel.
Relativement classique, le dessin de D'Israeli trouve un juste équilibre entre une rigueur victorienne toute « british » et cette folie science-fictive débridée qu'accentue une vigoureuse mise en couleurs. On notera au passage quelques clins d'oeil discrets, comme une caricature de Tintin, Milou et Haddock en page 42.
Bref, Scarlet Traces est un must pour tout amateur de SF et d'uchronie. On salive d'avance à l'annonce du deuxième volume !
Pascal Patoz nooSFere 05/04/2006
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