Paul Klarheit est handicapé depuis l’enfance. Dans des circonstances dramatiques, il rencontre Julien Solédango qui lui permet de retrouver l’usage de ses jambes. Mais, comme tout à un prix, Paul devient le réceptacle de « La Source », car julien est un Candélabre, un être immatériel apparenté au feu. Depuis, Paul est devenu un grand danseur étoile, cependant mal compris. Il continue de rendre visite à Liam toujours amnésique. Celui-ci pense qu’il retrouvera sa mémoire si Paul lui raconte sa vie. Ce dernier revient sur les liens étranges qu’il entretient avec Julien, sur les rapports difficiles avec les élèves de la compagnie, sur ses relations avec David, son meilleur ami toujours prêt à l’aider tout en espérant autre chose, de plus profond. Mais Roy, un autre Candélabre veut s’approprier « La Source ». Il utilise Iribal, une jeune sorcière pour ce faire, sans se soucier des conséquences dramatiques pour Paul…
L’Homme avec les oiseaux, (c’est ainsi qu’Iribal désigne Paul) est l’avant-dernier tome de la série. Il était attendu depuis trois ans par de nombreux fans. Il faut reconnaître que Candélabres présente nombre de qualités et que le présent tome n’enlève rien à l’ensemble, au contraire. Algésiras mène son intrigue avec un maîtrise, un sens du suspense et le goût pour des rebondissements psychologiques plutôt que guerriers. En effet, ici pas de débauche de moyens en matériels, de grandes batailles. Tout se joue au niveau des individus, de leur caractère et des sentiments les plus couramment exprimés dans la vie quotidienne. Le scénario aborde toute la palette des sentiments humains, jouant sur leurs variations. Elle s’amuse avec ses personnages et en fait les instruments d’une histoire où les acteurs sont tour à tour superbes et ignobles. De plus, l’auteur décline sa gamme en introduisant deux situations relativement ignorées dans les scénarios de BD : le handicap et l’homosexualité masculine. Cependant elle fait montre d’une grande sensibilité pour approcher l’évolution des sentiments, les ressorts de l’amour, de la jalousie, de l’ambition, de la haine. L’aspect fantastique est très présent, mais passe presque inaperçu tant il est « naturel » et qu’il va de soi : les personnages passent à travers les murs, se matérialisent quand bon leur semble… Délicatesse et émotion sont les termes qui conviennent le mieux pour définir l’ensemble de l’œuvre de cette jeune femme. L’Homme avec les oiseaux est une réussite à tous niveaux, aussi bien dans le dessin que dans les gammes de couleurs magnifiquement orchestrées par Nadine Thomas.
Un album rare et une série qui mérite le détour.
Serge Perraud 02/04/2006
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