Jacques est un adolescent à l’allure fragile. Son oncle nourricier lui reproche de ne pas encore gagner sa vie. Il s’embarque alors, en clandestin, sur le bateau en partance pour la saison de pêche vers l’Islande, le pays où il rêve d’aller. Découvert, il est en bute aux tracasseries des marins. Très vite, il est accusé d’avoir le mauvais œil, car tous ceux qui le maltraitent s’en repentent. Arrivé sur les lieux, la pêche commence. Jacques se réfugie tout en haut de la grande Hune, exigeant qu’on le débarque, puisqu’on ne peut le débusquer de son refuge. Les Danois, qui imposent un monopole commercial aux populations islandaises, tirent depuis un navire de guerre sur les pêcheurs. Le bateau s’enfuit et, dans le brouillard, se réfugie dans une crique. Il faut aller négocier du troc avec les populations locales, pour obtenir du bois et réparer les avaries. Jacques, qui parle la langue, s’impose. Cette fois, il est en Islande. Pourquoi cette quête ? A-t-il le mauvais œil ? Pourquoi est-il en proie à des visions ?
Marc Védrines s’est fait connaître comme dessinateur avec Phenomenum, une série de trois albums scénarisés par Kaminka, chez Glénat. Seul, il se lance avec un sujet qu’il connaît bien. En effet, c’est un familier du pays, de ses coutumes et de ses traditions. Avec Islandia, il propose une histoire se déroulant au XVIIè siècle, avec, pour héros, Jacques, un adolescent attachant par son apparente fragilité et son obstination à atteindre son but. L’auteur mêle, dans son histoire, un grand vent d’aventure, (avec ces bateaux partant pour la pêche), du surnaturel par les capacités de son héros et du fantastique avec l’introduction de la magie de l’Islande. De plus, il se livre à une présentation intéressante des conditions d’existence des populations soumises au joug du climat, des Danois, de la misère et d’une religion qui traque tout ce qui ne respecte pas les dogmes. Le dessin, au trait net, va à l’essentiel. Ce dépouillement, cependant, sied bien à une mise en couleurs qui conditionne la lecture et projette dans une atmosphère qui allie fantastique et rudesse du climat.
Islandia : une série qui possède tous les atouts pour faire une grande BD !
Serge Perraud nooSFere 30/05/2006
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