La bibliographie de Didier Convard est diverse et variée. Cependant, passionné par l’ésotérisme et le fantastique, il concocte avec un brin de provocation des histoires remettant en cause la doctrine officielle, la doctrine affichée de l’Eglise catholique. Avec Le Triangle Secret, la série dont est issue celle-ci, il prend pour hypothèse le fait que le Christ ne soit pas mort en croix, qu’il ait continué à vivre avec sa famille et à écrire ses mémoires, en fait le seul véritable Évangile. Sur le suaire de Thomas son jumeau mort à sa place, il trace les clés de la vie éternelle. Si Le Triangle Secret se concluait avec le retour de la dépouille du Christ, INRI (sigle aux multiples développements) reprend l’histoire quand Hugues de Paynes et ses compagnons découvrent, à Jérusalem, la tombe de Thomas et les symboles. Ils les enchâssent dans le chaton de bagues identiques. Le tome 3 de la série, Le Tombeau d’Orient, débute au Vatican où le frère Macchi informe le cardinal Rozzero des avancées obtenues sur la dépouille. Celle-ci reprend vie dans un laboratoire discret tenu par les Dominicains. Mais Macchi doit fournir, contre la vie de sa nièce détenue par les Gardiens du sang, les symboles rapportés par Hugues de Paynes et qui forment l’équation alchimique transmise par le Messie. Puis l’action revient en 1108, en Champagne où Hugues, le futur fondateur des Chevaliers du Temple, fait construire dans le plus grand secret, un tombeau destiné à recevoir le corps du Christ, qu’il a ramené d’Orient. Or, le monstre à la hache agissant pour le compte du pape Pascal, poursuit sa sinistre besogne décimant les amis du chevalier pour récupérer les bagues.
Le scénariste formule de nouvelles hypothèses, faisant du Christ un grand alchimiste, d’ailleurs, le seul et l’unique à réaliser le grand œuvre. Les démonstrations de Didier Convart sont toujours aussi brillantes, érudites et maîtrisées. En effet, la reconstitution des actions et des événements en coordination avec des personnages réels et fictifs, est très cohérente. Il fait preuve d’un savoir-faire et un savoir-conter dignes d’un René Réouven pour ce qui est d’assembler réalité et fiction. Certes, l’auteur aurait tendance à être un peu « bavard » mais on lui pardonne bien volontiers ce petit travers tant il sait être passionnant. Il apporte ainsi, sous couvert d’aventures ésotériques, une vision historique, une approche spirituelle différentes. Il démonte les mécanismes et les moyens utilisés par toute structure, même religieuse, pour assurer sa croissance ; mécanismes qui sont transposés à l’identique aujourd’hui.
Le graphisme prend de l’homogénéité entre les intervenants. Ceux-ci se coulent dans ce qu’on pourrait appeler « la marque de fabrique » de la collection ; les albums de La Loge Noire ayant une identité graphique d’albums en albums. Les couvertures signées Julliard laissent rêveur et on se prend à penser que si cet auteur pouvait trouver le temps de…
On avance à petits pas vers la solution, vers une solution. Cependant, il n’est pas dit que l’on sache tout à la fin du quatrième album qui doit clore cette série, car le scénariste peut nous « refaire le coup » du Triangle Secret et rebondir sur de nouvelles hypothèses.
Serge Perraud nooSFere 10/05/2006
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