Héléna, 17 ans, est cloîtrée dans le château familial non loin de New York depuis ses 2 ans. Ses seuls univers : les recoins de sa grande demeure et tout ce que peut lui fournir la télévision. Il faut comprendre d’Héléna gêne son grand-père et son frère, qu’elle doit se faire la plus petite possible… passer inaperçue ! Piquée de curiosité lorsqu’elle entend parler de la consolidation des caves du château, elle s’y fraye un passage et découvre un secret à l’enjeu mondial. Elle libère un homme-lion… Deux mouvements suffisent à la créature pour fuir, emportant sur son dos la jeune fille. Son histoire remonte à la nuit des temps, au cœur profond de l’Afrique…
     Une parabole puissante, fascinante qui nous renvoie à l’âme africaine, ses racines, et son dépouillement par les Blancs…

     Héléna, 17 ans, est enlevée par l’Homme-lion qu’elle a délivré de sa prison, au fond des caves, dans le château où elle-même se morfondait. Pour répondre aux questions de la jeune fille apeurée, il lui raconte son histoire. En Afrique, existait la tribu des Gardiens chargée de la protection des trois piliers du monde, trois esprits représentant, sous l’aspect d’Homme-lion, le passé, le présent et le futur. Il y a cinq siècles, Bomani, un petit garçon est présenté par son père à l’un des trois esprits. Quelques années passent. L’enfant est devenu un grand chasseur quand, un jour funeste, débarque de navires une armée de blancs qui veulent capturer l’Esprit du futur, l’Homme-lion de l’avenir…

     Olivier Jouvray est scénariste depuis 2001 et compte à son actif la série Lincoln où il fait preuve d’un humour ravageur, de dialogues gouailleurs, imagine des situations décalées, mettant en scène les dysfonctionnements de la société américaine à travers une vision de western.
     Avec Waraba, l’auteur met une sourdine à son humour et nous fait partager, avec beaucoup d’émotion et de sensibilité, un voyage au cœur de l’Afrique, une visite guidée de ses mythologies, une découverte de l’âme de ce continent. Dans ce tome de mise en place, il dévoile ce que sera le climat de la série et la rencontre entre deux mondes, celui des esprits, de la nature et celui des hommes coupés de leur environnement, campés sur leurs fragiles réalisations.
     Mais, Olivier Jouvray ne veut-il pas illustrer que l’Afrique n’a pas d’avenir, que celui-ci lui a été volé ?

     Le dessin de Kalonji, né à Genève mais originaire du Zaïre, est puissant. Il donne aux personnages qu’il représente une incontestable présence. Son Homme-lion, à mi chemin entre humanité et bestialité est une réussite. Ses planches dénotent d’un sens assuré du mouvement et de dynamisme dans les scènes d’action.

     Dans Waraba, l’humour caustique de l’auteur s’oriente vers d’autres voies, tout aussi intéressantes, pour nous faire vivre une parabole intelligente sur la recherche et la défense de l’âme africaine. À suivre !

Serge Perraud          
nooSFere          
06/07/2006