Gueule de bois ! Quel joli nom pour une petite marionnette devenue Woody Woodstock, un colosse adulte. Si celui-ci n’a plus qu’un rapport lointain avec le Pinocchio du conte, il en a gardé deux caractéristiques : sa conscience sous la forme d’un grillon parlant et son nez qui s’allonge quand il ment. Après de nombreux tours du monde comme bosco, une aventure échevelée pour le compte du Club des Milliardaires Aveugles, il ne veut plus entendre parler de cryptosoïdes. Pour vivre, il livre des combats de catch, dans des salles minables, sans comprendre qu’il faut faire un minimum de spectacle, lui qui met son adversaire KO en trente secondes. Alors que son manager le met dehors, survient Chester Darling, le fils caché de Peter Pan et de Wendy. Celui-ci cherche à le convaincre d’entrer, à nouveau, au service du Club. Il s’agit, cette fois, d’aller chercher Frankie, la créature de Frankenstein, le demi-frère de Woody. Celui-ci, en mission, n’a pas donné signe de vie depuis un mois. Il devait, simplement, jeter un coup d’œil aux pompes funèbres Wassertrum, un ancien repère de nécromanciens fameux. Par amitié, il se laisse convaincre et les voilà partis, Darling et lui, sur un chemin oh combien périlleux !

     Philippe Foerster convoque, cette fois, pour partager les aventures de Pinocchio adulte, une Alice bien vieillissante mais qui a gardé la potion de rapetissement, des Golems, la fiancée de Frankenstein, des morts-vivants et de multiples personnages venus tout droit des contes et légendes. Mais il utilise aussi des événements et des faits réels, comme les criminels nazis en fuite, les poupées Barbie et Ken… Et avec des éléments qui semblent aussi disparates que possible, il construit une histoire cohérente, à la trame homogène, même si parfois, elle tord le cou à la logique la plus pure. Le récit, qui baigne dans une atmosphère de merveilleux, est mené tambour battant et comporte une telle dose d’humour que l’on sourit très souvent, que l’on rit même aux éclats à découvrir les aventures effrénées de ce héros hors pair.
     Comme dans le tome précédent, les dialogues de Darling sont émaillés de phrases entières tirées de l’œuvre d’Edgar Poe.
     L’auteur nous offre un dessin soigné, efficace et des scènes dantesques de combat. Un régal !

     Avec Dix petits Golems, Philippe Foerster signe un nouvel album superbe. Du grand art !

Serge Perraud          
nooSFere          
17/10/2006