Frank Giroud avait frappé fort avec le scénario du Décalogue, une fresque magnifique autour d’une Sourate et d’un livre qui intervient dans la vie de personnes à différents moments de l’Histoire.
Avec Le Cercle de Minsk, il revient avec un récit sur un groupe mystérieux dont les objectifs restent pour l’instant singulièrement flous, mais qui dispose d’une influence et de moyens importants, voire puissants. Ils sont cinq et chacun possède une lettre brodée sur un fragment d’étole. Or, Uwe Klinkert meurt dans un accident (qui ressemble à un assassinat) sur l’autoroute Dresde-Berlin, avant d’avoir pu transmettre le relais à ses enfants. L’aîné, Iannis, est médecin dans la jungle amazonienne. Il a fui son pays alors que la RDA était encore derrière le Rideau de Fer. Il est revenu, plus pour Heike, sa jeune sœur, que pour rendre hommage à ses parents. Il est reparti très vite emportant quelques souvenirs, dont un dessin sous verre. À son arrivée, le cadre, brisé pendant le voyage, révèle un fragment de tissu ancien. À l’université de Bélem, après quelques recherches, on indique à Iannis que le fragment provient d’une étole tissée en trois exemplaires pour le grand prêtre de Jérusalem …à l’époque du Christ. Parallèlement, Heike a pris les contacts recommandés dans la lettre qu’elle a trouvée parmi les papiers de son père et rencontre les membres du cercle. Qui sont-ils ? Quels buts poursuivent-ils ? Pourquoi les agressions contre les deux enfants qui se sont rejoints au Brésil ?
Frank Giroud puise-t-il dans l’énorme documentation accumulée pour Le Décalogue ? Il base le premier volume de sa nouvelle histoire sur les symboliques liées à la Thora et à la Kabbale. Il utilise, comme moteur de son récit, le pouvoir des lettres hébraïques, la façon dont elles sont disposées et les nombres, objets, concepts ou personnages auxquels elles sont associées. La religion juive est génératrice de mystérieuses croyances. Elle a développé et entretenu, de tous temps, l’imaginaire des individus extérieurs. L’auteur englobe ces éléments mystiques dans une histoire mouvementée, aux nombreuses ramifications. Entre Le Brésil et l’Allemagne, l’auteur entretient un climat de suspense, avec une mise en place riche en événements.
Jean-Marc Stalner aux crayons est également la bonne surprise de cet album. Peut-être moins à l’aise que son frère pour cet exercice, il propose cependant un dessin dynamique, que l’on regarde avec plaisir. Un découpage et une mise en scène toniques, des personnages bien campés et bien identifiables donnent à l’ensemble une agréable cohésion et beaucoup d’attrait.
Le maillon perdu est le prélude d’une série qui réunit tous les ingrédients du succès.
Serge Perraud
nooSFere
19/05/2006
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