L'inoubliable roman Moby Dick de Melville (1851) a laissé des souvenirs impérissables aux générations successives des lecteurs. La chasse à la baleine blanche, la chute vers la folie sans fond du capitaine Achab ou encore l'humanité du « sauvage » Queequeg. Autant de références faisant partie de la culture collective.
Le scénariste Pécau a fait le pari de reprendre cette aventure, d'en garder le fond et de transposer le tout dans une histoire futuriste où l'océan s'est métamorphosé en un espace infini, où le bateau nommé le Pequod devient un vaisseau galactique et où la baleine blanche s'est transformée en une gigantesque comète blanche, pourchassant les vaisseaux ; inlassablement.
Ismael, le personnage principal et aussi narrateur, débarque à New Bredford dans l'espoir d'être engagé sur un vaisseau galactique, pour devenir chasseur de comètes. Un boulot difficile mais qui paie bien. Le jeune homme va faire la connaissance de Queequeg, harponneur de métier. Ils vont très vite lier amitié et travailler ensemble. Ils se font alors embaucher sur le vaisseau : le Pequod, commandé par le capitaine Achab, un homme sombre et mystérieux, qui entraînera tout son équipage dans sa folie.
L'équipage va alors partir en quête de la fameuse comète blanche, celle qui détruit tout vaisseau essayant de la pourchasser. Le capitaine est un des très rares survivants ayant affronté le monstre sans périr (vivant certes, mais à quel prix !)
L'espace va être le théâtre de révélations incroyables et des plus déroutantes. Car les comètes sont loin de ce que l'homme a toujours cru. Les croyances de Queequeg pourraient être, en définitive, plus réelle que les pseudos connaissances des scientifiques.
Deux tomes pour boucler Moby Dick.
Deux tomes pour amener la lutte finale avec la comète blanche.
Deux tomes pour créer une histoire riche.
Pari osé.
Pari réussi.
N'en déplaise aux puristes du roman de Melville, le Moby Dick de Pécau est, certes, une adaptation libre mais nous offre une belle histoire. Le dénouement laisse sans voix.
Le dessin de Pahek est fort réussi et on y verra une ressemblance certaine avec le dessin de Gimenez, autant au niveau des couleurs que des personnages. Pahek a sa touche bien personnelle, ainsi le contraste entre toutes les scènes de vie des hommes avec le vide intersidéral est saisissant. Les cases où l'homme et les créations humaines apparaissent presque ternes face au monde galactique d'un bleu profond. C'est une vraie réussite !
Alors oui, effectivement, Moby Dick de Pécau et Pahek est une œuvre originale, mais sa source du roman de Melville est très forte. D'ailleurs, les didascalies reprises directement du livre sont nombreuses et rajoutent à la bd une intemporalité très appréciable.
Une BD qui a le privilège de clore l'histoire en deux albums sortis à seulement quelques mois d'intervalles. Une série à découvrir et à apprécier.
Anna Sam Bulle d'Encre 01/03/2006 Mise en ligne le 22/05/2006
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