Cheri-Bibi est un nom qui chante pour ceux qui feuilletaient régulièrement le France-Soir flamboyant de l’époque comprise entre 1951 et 1965. Ce nom éveille les souvenirs des téléphiles des années 70 qui se sont régalés avec le feuilleton retraçant le parcours d’un héros au caractère plus aventurier. Mais Cheri-Bibi est d’abord une création de Gaston Leroux, un auteur autrement célèbre grâce au journaliste détective Joseph Rouletabille, dont l’enquête sur Le Mystère de la chambre jaune, le grand classique du crime en chambre close, a été récemment réadaptée au cinéma. Pourquoi pas, alors, une nouvelle adaptation en album BD, à partir du roman paru en 1913 ?
Le premier tome (La série en comprendra trois) s’ouvre sur une bagarre qui favorise l’évasion de deux paires de bagnards, dont celle du matricule 3216. Flash back ! On est transporté sur Le Bayard, un cargo prison, en route pour Cayenne, avec à son bord une cargaison de condamnés au bagne. La tension est grande et la révolte gronde. Elle est menée par le chef, le matricule 3216, un colosse qui compte de nombreuses évasions. Présentement, il est au cachot et contre toute logique, il disparaît de sa cellule. Puis, retour sur le début de la saga de celui qui deviendra Cheri-Bibi, chargé de tous les crimes, auteur d’horreurs sans nom… Pourtant, lorsqu’il était boucher, et non pas géomètre comme le souhaitait son père, il livrait chaque jour la famille de Cecily, la jeune femme dont il était épris … cependant sans espoir. Comment et pourquoi est-il devenu cet être dépeint comme un monstre ?
Pascal Bertho réussit une adaptation de très bonne tenue. Il retranscrit, avec tac et savoir-faire, la dimension humaine que Gaston Leroux avait souhaité donner à son personnage, jouant sur la fatalité qui s’accroche à un homme qui était destiné plutôt à une vie paisible qu’à celle d’un criminel traqué.
Marc-Antoine Boidin vient du dessin animé …et cela se voit ! Le traitement de l’image et des mouvements est dynamique, tonique, tout à fait dans l’esprit des romans d’aventures et de fantastique de Gaston Leroux. Le mariage dessin/couleurs est une réussite. Le jeu des tonalités permet d’identifier parfaitement les différentes époques du récit et facilite encore une lecture passionnante.
Le second tome, à ne pas manquer, est annoncé pour janvier 2007.
Serge Perraud nooSFere 22/06/2006
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