Privée d'esprit, l'IBC agonise. Sans la Chairmère, la ville de Magon est menacée de disparaître. Avant de mourir, l'IBC a inscrit en Giss l'endroit où il obtiendra l'héritage sur lequel repose l'espoir de l'humanité. Mais l'Histoire de Magon recèle bien des mensonges...
Avec les Chroniques de Magon, Jarry et Lapeyre ont créé un univers de science-fiction morbide et original dont l'intérêt ne se dément pas au fil des albums. La progression dramatique vers les révélations finales n'est pas très rapide, mais les scènes d'action et les nombreux personnages dynamisent la narration. Le mythe platonicien de la Caverne est évoqué, mais il nous faudra encore deux albums pour apprendre ce que cache le monde d'illusions que semble être Magon. Si le dénouement est à la hauteur de l'univers mis en place, voilà qui promet. Le dessin minutieux de Lapeyre, où se mêlent les influences du manga et de la BD européenne, illustre parfaitement cet univers baroque et démesuré, même si les décors ne sont pas aussi somptueux que dans le premier tome de la série. La couverture, pas très jolie, est loin de refléter le contenu d'un album où la plupart des planches sont réussies — contrairement à bien d'autres albums où tous les efforts semblent au contraire s'être uniquement portés sur l'illustration de couverture. Ici, il faut feuilleter attentivement l'album pour en apprécier la finesse des détails. Elsa Brants, quant à elle, ne choisit pas la facilité en utilisant des couleurs vives et décalées, dont un rose-rouge assez inhabituel pour le ciel. Ce pari audacieux augmente l'impression d'étrangeté et s'avère fort judicieux pour la peinture d'un univers aussi fondamentalement étranger que l'est Magon.
Une excellente série pour les amateurs de science-fiction « différente ».
Pascal Patoz nooSFere 19/06/2006
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